30/01/2013

La psychanalyse comme faux athéisme

Sur le site atheisme.free.fr (que je vous recommande, par ailleurs) Il y a un ensemble de pages consacrés à ce qui est appelé les "faux" athéismes, ou idéologies de resacralisation.

Avant de hurler au sophisme du No True Scotsman, il est reconnu que ces systèmes ne font pas intervenir de divinités à proprement parler, mais des éléments qui y font fortement penser et qui y occupent une place similaire (la patrie dans le cas du nationalisme par exemple, etc...)


Ainsi, inspiré par cet article et les textes de psychanalystes que j'ai pu lire, j'ai moi-même réalisé un tableau qui montre d'étonnants parallèles entre la psychanalyse et les religions, sur le modèle utilisé sur le site d'origine, atheisme.free.fr :


Sacré Psychanalyse
Divinités L'Inconscient
Mythes, révélations Les textes de Freud et de Lacan
Prophètes Sigmund Freud, Jacques Lacan
Les élus parmi les élus Les grands psychanalystes respectés
Rites, cérémonies initiatiques, repentir Les séances d'analyse
Les boucs-émissaires et hérétiques Les mères d'enfants autistes, les TCC, les lobbies pharmaceutiques, le néolibéralisme, les psychanalystes dissidents ou rivaux : Jung, Adler...
Les martyrs Les psychanalystes condamnés pour leurs idées
Les oracles Les psychanalystes médiatiques


On pourrait rajouter d'autres exemples, évidemment. Qu'en pensez-vous, sinon ?

27/01/2013

Manif du 27 janvier pour le mariage pour tous : j'y étais aussi !

Pour les mêmes raisons que la dernière fois. Il nous appartient de résister face à la montée de l'homophobie en France, et pour l'égalité, la justice, et la raison.

Peu importe qui compose le cortège, au fond : face à la montée de la haine, de la peur, du préjugé, nous pouvons tous être unis par ce genre de causes communes, les luttes contre les inégalités injustifiées, qui feront toujours progresser l'humanité.

19/01/2013

L'hypnose aujourd'hui


Cet article a été écrit par Jérémy Royaux. Rappelons que les articles publiés sur ce blog ne font que refléter l'opinion de leurs auteurs respectifs, et pas nécessairement l'opinion de l'ensemble des auteurs de ce blog.

L'administrateur


Au travers ce sujet, j’ai voulu faire le point sur l’hypnose telle qu’elle existe aujourd’hui. Mes propos concerneront l’hypnose « clinique », pratiquée dans le domaine psychologique ou médical. Je ne parlerai pas de l’hypnose de spectacle qui n’est pas grand-chose de plus qu’un phénomène social de suggestion. Je commencerai par des éléments de définitions, puis j’aborderai l’hypnosédation et l’utilisation de l’hypnose en thérapie.


Eléments de définition(s)

Il existe beaucoup de définitions de l’hypnose, je reprendrai celle du Dr Faymonville (1) (qui a grandement contribué à instaurer l’hypnose en anesthésiologie) : Elle définit l’hypnose comme une « interaction sociale dans laquelle une personne (appelée sujet) répond aux suggestions qui lui sont faites par une autre personne (appelée « hypnotiseur » ou «accompagnateur»). La façon dont ces suggestions sont proposées aux sujets obéissent à des règles particulières de sémantique et d'intonation de la voix (techniques hypnotiques d'induction) afin de produire chez le sujet, qui est d'accord de collaborer, un changement dans le mode de fonctionnement du cerveau avec altérations des perceptions, de la mémoire, des processus attentionnels et de l'action volontaire. Ainsi, le sujet devient très susceptible aux suggestions de l'« accompagnateur » et il vit un autre rapport à lui-même, à son corps et à son environnement. La capacité de notre cerveau de glisser vers ce mode de fonctionnement particulier est innée avec, cependant, des aptitudes à l'utiliser variant d'un individu à l'autre : il existe des virtuoses de l'hypnose et des apprentis. » 

Tout individu (sauf exceptions rares : maladies psychiatriques, retard mental,…) est donc capable de faire de l’hypnose de manière innée mais avec des différences individuelles.
Il n’est pas inutile de préciser ici que 2 visions s’affrontent actuellement dans la recherche : une vision étatiste (l’hypnose serait un état particulier, autre que le sommeil ou l’état de veille) et une vision non étatiste, majoritaire à l’heure actuelle (l’hypnose ne serait pas différent d’un état de veille normale). La vision non étatiste rassemble la majeure partie des scientifiques et semble de plus en plus être validée par les avancées des neuro-sciences.


L’hypnosédation

Cette utilisation spécifique de l’hypnose est celle qui a été de loin la plus étudiée et la plus validée. En Belgique, à l’hôpital universitaire de Liège, près de 5000 patients (1) avaient été opérés avec l’aide de l’hypnosédation. Cette méthode permet de moduler la douleur de manière significative en combinant l’état d’hypnose, l’imagerie mentale et la suggestion. Il ne s’agit pas ici de remplacer l’anesthésie par l’hypnose mais de combiner les deux afin d’utiliser une dose nettement moins importante d’anesthésiant. Les résultats ont été validés et reproduits depuis pas mal d’années et sont appuyés par l’imagerie cérébrales. Je ne rentrerai pas dans les détails à ce niveau mais l’imagerie a déjà permis de faire pas mal de recherches sur ce qui se passe au niveau cérébral pendant l’hypnose. De nombreuses opérations sont réalisées avec cette méthode. En chirurgie mineure : extraction de dents, changements de pansements de patients brulés, lipoaspiration,… En chirurgie majeure : pose de prothèses mammaires, thyroïdectomie, hystérectomie,…


L’hypnose en thérapie

L’utilisation de l’hypnose en psychothérapie souffre d’un plus grand manque de recherche que l’hypnosédation. Une des raisons principales est probablement le fait que l’hypnose est un outil et non une thérapie. Elle est donc toujours utilisée par un praticien formé à un courant qui influencera sa pratique de l’hypnose. En Belgique, la plus grande partie des hypnothérapeutes semblent être formés à la Thérapie Brève (une sous branche de la thérapie systémique, centrée sur l’individu et pas sur la famille). On trouve également des hypnothérapeutes qui se réfèrent aux thérapies cognitives et comportementales ainsi que quelques (rares) psychanalystes qui utilisent l’hypnose pour accélérer leur méthode d’association libre (dire ce qui vous passe par l’esprit en associant une idée à une autre). On comprend donc la difficulté d’étudier l’hypnose thérapeutique. Il existe beaucoup d’articles, de protocoles et de cas cliniques publiés mais assez peu d’études de qualité pour évaluer les résultats dans le traitement des principaux troubles qu’on rencontre en thérapie, ce qui ne diminue pas l’intérêt de nombreux praticiens et clients pour cet outil et leur conviction dans son utilité. Des effets positifs ont été démontrés dans de nombreuses études comme celle d’Abramowitz(2) concernant le traitement du syndrome de stress post-traumatique avec insomnie. Il reste néanmoins un travail important à faire au niveau de la validation des effets de l’hypnose. Ce travail est d’autant plus nécessaire que les résultats sont encourageants. Flammer et Bongartz(3), après avoir pris en compte 57 études randomisées sur les effets de l’hypnothérapie ont conclus à un effet significatif de l’hypnose et relevant que les sujets qui sont plus hypnotisables ont tiré un bénéfice plus important de l’hypnothérapie.

Il semblerait que l’hypnose s’inspire de plus en plus des thérapies cognitives et comportementales, ce qui, à mon avis, découle du fait que la thérapie s’inspire de plus en plus des recherches scientifiques (il n’est pas inutile de rappeler que la psychologie est une science, malgré le fait que de nombreux thérapeutes ne se tiennent absolument pas au courant des recherches et des avancées de leur champ). Il est intéressant de remarquer qu’il y a une volonté de plus en plus importante d’utiliser l’hypnose avec une visée intégrative. Essentiellement avec les thérapies cognitives et comportementales. Ce courant intégratif appelé «cognitive hypnosis» est de plus en plus actif et il existe déjà de nombreux protocoles de traitements qui intègrent l’hypnose à la thérapie cognitive et comportementale ainsi que des études de qualité qui ont validé un effet supérieur de cette approche comparée à la thérapie cognitive et comportementale sans hypnose. Pour aller plus loin à ce propos, le livre Cognitive Hypnotherapy d’Assen Alladin(4) fait le point sur les nombreuses recherches de ce courant. La méta-analyse de Kirsch, Montgomery & Sapirstein (5) fait également le point sur une série d’études qui évaluent l’efficacité de l’hypnose cognitive comparée à la thérapie cognitive et comportementale et concluent à la supériorité de cette approche intégrative.


Conclusion


L’hypnothérapie est une pratique passionnante en constante évolution. Loin de tout le blabla marketing qu’on peut trouver et des mythes qu’on voit dans les films, c’est un réel outil de thérapie qui a fait ses preuves. Il reste néanmoins de nombreuses recherches à réaliser afin de déterminer ses effets et son utilité avec précision. On pourra en tout cas compter sur le courant de l’hypnose cognitive pour faire avancer ce champ en se basant sur « l’evidence based medecine » et de nombreuses études ont déjà été réalisées dans ce sens. Pour ma part, je continue à pratiquer l’hypnose à raison d’une dizaine de séances par semaines lors de mes consultations. J’essaye d’ancrer au maximum ma pratique dans les sciences psychologiques et leur évolution et je pense que l’hypnose à un avenir très positif devant elle.

Jérémy Royaux

Hypnothérapeute

www.therapie-systemique-breve.be

  1. M.-E. Faymonville1*, J. Joris1, M. Lamy1, P. Maquet 2,3, S. Laureys 2,3

1 Département d'anesthésie-réanimation, Centre hospitalier universitaire, Université de Liège, 4000 Liège, Belgique ; 2 Département de neurologie, Centre hospitalier universitaire, Université de Liège, 4000 Liège, Belgique ; 3 Centre de recherche du Cyclotron, Université de Liège - Sart Tilman, 4000 Liège, Belgique
Conférences d'actualisation 2005, p. 59-69
  1. Abramowitz, E. G., Barak, Y., Ben-Avi, I., Knobler, H. Y. (2008). Hypnotherapy in the treatment of chronic combat-related PTSD patients suffering from insomnia: a randomized zolpiderm-controlled clinical trial. International Journal of Clinical and Experimental Hypnosis, 56(3), 270-280.
  2. Flammer, E., Bongartz, W. (2003). On the efficacy of hypnosis: A meta-analytic study. Contemporary Hypnosis, 20, 179-197. 
  3. A., Alladin. (2008) Cognitive Hypnotherapy. Editions Wiley.
  4. Kirsch, I., Montgomery, G., & Sapirstein, G. (1995). Hypnosis as an adjunct to cognitive-behavioral psychotherapy: A meta-analysis. Journal of Consulting & Clinical Psychology, 63, 214-220.

16/01/2013

Compte-rendu du dernier dossier de S&PS sur la santé mentale

Je viens récemment d'acheter le dernier numéro de la revue Sciences et Pseudosciences, de l'Association Française pour l'Information Scientifique (AFIS), car son principal dossier, ce trimestre-ci, concerne la santé mentale*. Le numéro du trimestre dernier - que je n'ai pas, malheureusement - avait pour sujet les vaccins.

Il se constitue de cinq articles, dont deux de Franck Ramus (déjà évoqué ici), un de Jacques Van Rillaer (idem, il s'agit d'un des auteurs du Livre Noir de la Psychanalyse), un de Jean Cottraux (autre auteur du livre noir) et un de Baudouin Forgeot d'Arc. Présentons-les dans l'ordre dans lesquels ils apparaissent :

Le premier article de Franck Ramus est intitulé La souffrance psychique est bel et bien évaluable et mesurable : sa thèse, qui s'oppose à celle des psychanalystes, est contenue dans le titre lui-même ; il commence par citer l'exemple des antidépresseurs qui, pour être mis sur le marché, doivent avoir fait la preuve de leur efficacité.

Il conteste également deux allégations courantes des psychanalystes (que les psys scientifiques réduisent l'homme à un chiffre et n'appliquent que des protocoles standardisés, respectivement) ainsi que le monopole qu'ils prétendent avoir sur la subjectivité ; et justifie le passage de la subjectivité à l'évaluation par les échelles standardisées : elles sont certes imparfaites, mais d'une part il y a toujours la possibilité d'utiliser divers outils statistiques pour les améliorer, et d'autre part on ne saurait se priver de leurs informations, qui au moins sont comparables (même grossièrement) d'un traitement à un autre, et permettent justement ces améliorations statistiques.

Son argumentation, évidemment, ne convaincra pas les psychanalystes eux-mêmes, et leur fera peut-être même peur, éventuellement à cause d'une certaine tendance qui consiste à assimiler "quantifiabilité" et "déshumanisation" ; alors que, à bien y réfléchir, c'est totalement idiot : on quantifie déjà beaucoup de choses concernant notre corps, à des fins médicales, et ce n'est pas pour autant qu'on en devient moins humain. (les foucaldiens radicaux ne seraient peut-être pas d'accord, mais laissons-les de côté pour le moment)

Le refus de l'évaluation a donc pour origine, non seulement l'attitude des seuls psychanalystes, mais aussi, plus fondamentalement, certains "tabous" concernant la façon dont on appréhende l'esprit humain, tabous eux-mêmes issus du dualisme (grand ennemi du matérialisme philosophique), c'est-à-dire le fait de voir le corps et l'esprit comme deux choses séparées. L'introduction de ce dossier commence d'ailleurs (dans la seconde phrase) par dénoncer l'héritage de ce courant de pensée, et on comprend pourquoi.


Le deuxième article (Utilité et dangers des catégorisations psychopathologiques) est celui de Jacques Van Rillaer : il traite évidemment des catégories et classifications utilisées par les psys. Il en souligne brièvement le caractère historiquement arbitraire, leur usage sécuritaire, et le fait qu'on ait tardé à chercher des explications rationnelles à l'origine de certains troubles mentaux (et en profite pour taper un peu sur Freud au passage) ; et fait un bref historique du DSM, qu'il juge "imparfait mais nécessaire", car il a pour but de faciliter la concordance des diagnostics.

Il souligne également le danger de ces catégorisations, qui peuvent avoir un effet contre-productif et renfermer les individus diagnostiqués dans une image d' "anormaux" ; en quelque sorte, elles ont un effet un peu autoréalisateur. C'est pourquoi il faut les utiliser avec une prudence nécessaire.

Ce court article est donc un rappel bienvenu, qui nous indique que les psys scientifiques sont tout à fait conscients des limites des outils qu'ils utilisent eux-mêmes.

Edit : l'article en question : http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2025

Le deuxième article de Franck Ramus (Classifications internationales des troubles mentaux : vraies limites et faux problèmes) est consacré plus précisément au DSM. Il s'agit d'une reprise de cet article-ci (plus des extraits de celui-ci à la fin). Ces deux articles sont assez intéressants et me semblent pertinents.


Le quatrième article est L’autisme d’un DSM à l’autre du québécois Baudouin Forgeot d'Arc, consacré aux controverses sur le diagnostic de l'autisme suite aux modifications du DSM-5. D'après lui, c'est la peur du "sur-diagnostic" - il y eut effectivement une explosion des diagnostics aux Etats-Unis - qui aurait conduit à adopter des critères plus restrictifs pour l'unique diagnostic (TSA) du DSM-5, qui vient remplacer 5 diagnostics du DSM-IV. D'où la crainte de tomber dans l'excès inverse. Ces controverses font rage chez les psychiatres américains, et pour de bonnes raisons ; on voit donc qu'il ne s'agit pas d'une communauté monolithique qui suit aveuglément les modifications du DSM sans broncher, au contraire ! Mais il ne faudrait pas assimiler la critique d'une version du DSM avec la critique du DSM dans l'absolu, comme sont prompts à le faire certains psychanalystes qui ne se donnent même pas la peine de lire en entier les liens qu'ils postent sur leurs propres blogs...

Cependant, l'auteur lui-même ne semble pas prendre parti (pro- ou anti-DSM-5) et se contente de décrire brièvement les conséquences possibles de la nouvelle classification, et les mesures à appliquer selon lui en cas d'échec de celle-ci.


Enfin, le cinquième article est celui de Jean Cottraux, Vers le DSM-5 : la classification des troubles de la personnalité : comme son nom l'indique, toujours sur le DSM, l'évolution de la classification des troubles de la personnalité du DSM-IV au DSM-5, le premier regroupant dix grands troubles selon plusieurs critères, le second privilégiant une approche dimensionnelle pour remettre en cause le "rangement en cases" de l'édition précédente. Ainsi, quatre troubles de l'édition précédente n'ont plus de diagnostic spécifique dans la nouvelle édition, et il sera possible d'être davantage précis (ou "créatif") en matière de nouveaux diagnostics grâce au système dimensionnel, par rapport à l'édition précédente. Cette nouvelle édition aura bien évidemment, les défauts de ses avantages, pour parler ainsi.


En résumé, je vous conseille donc de le lire si vous le pouvez, car c'est intéressant et cela constitue un antidote au discours psychanalytique le plus répandu dans les médias, montrant ainsi, entre autres, que les psys scientifiques sont tout à fait conscients des limites de leurs outils. A plus !




*Les autres articles sont également dignes d'intérêt, même si certaines personnes pourront trouver un peu agaçante l' "obsession" anti-anti-OGM souvent associée au journal. Mais ce n'est qu'un détail, heureusement d'ailleurs...

15/01/2013

Mon progressisme (2)

(Article reposté sur http://6pol28.blogspot.fr/)

Dans un précédent article, j'avais parlé du caractère un peu paradoxal de ce que je vois comme mon progressisme.

Depuis, j'ai un peu réfléchi à ce sujet.
D'une part, je vois le progressisme comme étant l'antonyme logique du conservatisme. Pour moi, le conservatisme ne se définit pas que par le refus du changement, c'est aussi et avant tout le fait de vouloir garder (ou retrouver) un mode de fonctionnement politique correspondant à un certain mode de pensée, quand bien même celui-ci serait ancien, archaïque, et inadapté aux évolutions du monde et de la société. On pourrait appeler cela le "conservatisme de système", à distinguer d'un idéal de préservation plus général, sur lequel tout le monde pourrait se mettre d'accord. En réalité, les deux notions se trouvent le plus souvent en opposition l'une à l'autre.

Par contraste, le progressisme ne se définirait pas que par la volonté de changement, mais serait aussi la volonté de chercher, de s'intéresser même de loin à de nouveaux modes de pensée et/ou d'action, afin de pouvoir modifier notre mode de fonctionnement et/ou d'action politique lorsque celui-ci s'avère inadapté.

Mais dans ce cas, comment faire le tri ?

Pour moi la réponse est simple : le progressisme que je défends est un mouvement qui se fixe la justice (au sens de l'Idée de justice d'Amartya Sen, par exemple) comme but final, utilise la raison pour comprendre le monde, et cherche le moins possible à augmenter les injustices dans la poursuite de ses objectifs.

Cela peut sembler tout à fait raisonnable comme approche et comme définition, mais cela permet d'écarter un certain nombre de positions qui se disent progressistes, mais qui ne le sont pas vraiment.

Qu'en pensez-vous ?

14/01/2013

Comment (mal) concilier le mariage gay, sa profession et la science

Je lisais récemment un article de Michel Tort sur un site que vous devez déjà connaître : http://www.collectifpsychiatrie.fr/?p=4212

Je le trouve intéressant car il nous permet d'une part d'avoir un regard critique d'un psychanalyste sur sa profession à l'heure actuelle, et d'autre part il est bourré de sophismes, le plus évident étant bien évidemment le No true Scotsman, qui consiste ici à dire que les psychanalystes réactionnaires ne sont, au fond, pas de vrais psychanalystes pour une raison X ou Y. Ici, il consiste à dire que leurs arguments "ne résultent nullement de la clinique psychanalytique", ce qui est facile à dire, mais aussi très vague. En fait, on peut le voir comme un des deux arguments les plus mis en avant par les psychanalystes pour se justifier, l'autre étant l'argument d'autorité "Freud/Lacan/X a dit..." que l'on sortira à chaque fois qu'un grand psychanalyste a dit quelque chose qui correspond, même de loin, à nos idées. Lorsque l'on se trouve incapable d'utiliser les textes pour se défendre, on utilisera l'argument de la "clinique psychanalytique".

A ce sujet, l'auteur n'a pas du tout eu l'honnêteté intellectuelle de ne serait-ce que mentionner une seule fois le complexe d'Oedipe dans son court texte, pour dire ce qu'il en pense ou même pour critiquer l'usage que ses adversaires en font. L'impression qui se dégage de son texte est donc qu'il fait semblant de ne pas savoir que c'est en premier lieu cet argument qui est parmi les plus repris par les opposants à l'homoparentalité - hors du strict champ psychanalytique pour ce que j'en sais, certes, mais il devient alors facile de comprendre en quoi cette psychanalyse réactionnaire constitue, quelque part, le véritable prolongement de la psychanalyse originelle (Freud était conservateur), ça ne devrait rien avoir de surprenant, bien au contraire.

L'auteur parle aussi très brièvement de la polémique sur l'autisme dans son dernier paragraphe ; il critique les psychanalystes filmés dans Le Mur et les voit comme une nuisance, mais juge le documentaire caricatural.

Mais peut-être feint-il d'ignorer que ce discours reste présent, de façon plus subtile, dans à peu près toute la profession, y compris chez les 39 qui postent son article sur leur site ? A en voir la bande-annonce de Théorie Sexuelle, de Sophie Robert (la réalisatrice du Mur), peut-on seulement imaginer une psychanalyse dénuée de préjugés, qui soit autre chose qu'un gloubiboulga informe et sans cohérence à l'échelle d'une discipline toute entière ? Et pourquoi ne médiatisez-vous pas plus votre "travail clinique", si vous voulez vous défendre ?

Par ailleurs, j'attends encore le jour où les psychanalystes reconnaîtront que le packing ne correspond nullement à la clinique psychanalytique, de même que les autres activités ascientifiques du même genre auxquelles ont droit les autistes français.

Car le premier argument ne situe pas du côté du symbolisme (le "père" ou que sais-je), il se situe avant tout du côté de la science.
Tous ces débats intradisciplinaires ne font que nous montrer une fois de plus que la psychanalyse est en fait beaucoup plus proche d'une religion, avec ses débats théologiques sans fin, que d'une véritable science.



D'un point de vue plus positif, l'article est critique du courant lacanien et de la psyK réactionnaire en général, et reconnait que ces courants font du mal à sa discipline. Mais on peut bien sûr regretter que cet article ait été récupéré par le Collectif des 39...

02/01/2013

Bonne année 2013 à tous !

Avec un peu de retard, pour cause de pas d'Internet, mais quand même. L'année qui vient de s'écouler fut riche en évènements et en rebondissements, il est toujours temps de se mobiliser pour celle qui nous attend !