25/12/2012

Joyeux Noël

...ou pas. Le pire, c'est que j'avais failli l'oublier. Enfin bref, j'accorde peu d'importance à la religion, de toute façon.

22/12/2012

Le Collectif des 39 nouveau est arrivé

Pour ceux que ça intéresserait, c'est ici. C'est toujours sur la soi-disant interdiction des conférences sur le packing. Malgré ce que le début peut laisser suggérer, l'article parle peu d'Autism Rights Watch en réalité, et on reste sur notre faim concernant ce qu'ils auraient pu en dire.

Mais de quoi parle cet article, au juste ?

Il commence ainsi : "Sans bruit, sans que personne ne s'en indigne, autres que ceux qui en ont pâti directement, sans même qu'une ébauche d'étonnement médiatique ou politique ne se fasse jour[...]" Cela a le mérite d'être franc et direct, il faut le reconnaître ; on entre tout de suite dans le vif du sujet. Si j'étais narquois, je dirais que ce passage montre tout de suite à quel point ils sont en train de perdre la partie, à l'heure actuelle.

Par exemple, et je ne peux voir cela que comme une bonne chose, la critique, sinon de la psychanalyse elle-même, du moins de ses dérives, est en train de gagner petit à petit les médias de gauche. Après le Nouvel Observateur (depuis maintenant un bon moment), Marianne a écrit une critique favorable du livre Au secours, mes parents sont psys ! , Télérama a accueilli favorablement les documentaires récents sur l'autisme et a laissé Joseph Schovanec (ami avec Jean-Claude Ameisen de France Inter, et qui doit son emploi à la Mairie de Paris et à Hamou Bouakkaz) critiquer ouvertement le packing dans leurs pages, et il n'est pas sûr que Le Monde et Libération puissent sortir des articles aussi outrageusement pro-psychanalyse ou pro-packing dorénavant.

Une belle entrée en matière, en tout cas.*

La suite immédiate nous montre apparemment que le Collectif a quelques difficultés avec le concept de liberté d'expression. Aux Etats-Unis par exemple, il me semble, on a tout à fait le droit de "menacer" quelqu'un de faire quelque chose (de légal) si celui-ci dit ou écrit quelque chose qui ne nous plait pas. Ce n'est pas vu comme contradictoire avec le concept de liberté d'expression, bien au contraire. Ce qu'a fait ARW n'est guère très différent, quand on y pense.

Pour être plus précis : "Mais voilà que la demande par laquelle elle se glisse sur la scène publique est une demande d’interdiction d’expression" Faux. A ce sujet, il me semble utile de rappeler ce que j'avais déjà écrit dans un précédent article : "D'une part, attention à la déformation du débat. En l'occurrence, il ne s'agissait pas que de parler du packing ou même simplement de critiquer son interdiction, mais d'en faire la promotion. De plus, contrairement à ce que lui et Delion affirment, il s'agit de méthodes tout à fait démocratiques qu'Autism Rights Watch a mises en oeuvre. Cette conférence n'a pas été interdite par l'Etat ; ce sont ses propres organisateurs qui ont choisi de l'annuler. S'ils ne l'avaient pas fait, leurs adversaires n'auraient fait qu'exercer leur droit à la liberté d'expression. Ceux-ci considèrent que le packing est non seulement une pratique au mieux inefficace, mais aussi une atteinte majeure aux droits des autistes. Dans ce cadre, leur action est donc tout à fait compréhensible. Pour faire une comparaison, si une réunion faisait la promotion du racisme ou de la pédophilie, ou si une conférence soutenue par l'argent public faisait la promotion du charlatanisme le plus grotesque et le plus évident, j'ose espérer que Gillis s'y opposerait lui aussi." 

Rappelons par ailleurs le passage fréquemment cité dans la lettre en question : « NOUS VOUS DEMANDONS DONC PAR LA PRESENTE DE BIEN VOULOIR ANNULER CETTE ACTION DE FORMATION. A défaut, nous communiquerons sur le fait que l’Université XXX contrevient officiellement aux recommandations de la HAS. Nous ferons part de notre émotion auprès de la ministre de l’enseignement supérieur et de la Recherche et nous exigerons la liste et les montants des financements ayant permis l’organisation de ce séminaire, si besoin devant un recours devant la CADA. »

Etant donné la suite du passage, je me pose une question, en fait : si ces psychanalystes tenaient tant à leur liberté d'expression, pourquoi ont-ils cédé si facilement aux demandes d'ARW ? Certes, s'ils les avaient maintenues, ils en auraient subi les conséquences, mais je pense qu'elles auraient été assez mineures du point de vue médiatique ou même judiciaire. J'ai une autre hypothèse, plus personnelle : le fait d'avoir cédé leur permet de mieux attirer l'attention sur eux en désignant un coupable qui participerait à leur persécution. Pour parler vulgairement, ces psychanalystes sont en train de devenir les "attention whores" du web psy**.

Mais j'ai peut-être écrit trop vite en ce qui les concerne. D'abord, il est vrai que la décision provient in fine des universités, pas des psychanalystes eux-mêmes. Examinons alors les véritables raisons avancées : 

- On voit, d'une part, que l'HAS est, sans surprise, en ligne de mire. En ce qui me concerne, je ne vois pas en quoi nous avons assisté à un usage abusif des ses recommandations, ils en parlent en termes quasiment complotistes, en fait - comme c'est le cas sur tant d'autres sites. Par ailleurs : "La soumission immédiate à cette demande de la part des universités n’est pas sans soulever les effets de la nouvelle loi LRU." Je ne vois pas tout à fait le rapport, mais bon...

- Ensuite : "Il apparaît à l'évidence que nous ne sommes plus dans le domaine des recommandations de combat, mais que nous avons versé progressivement vers des recommandations de maitrise et de contrôle d’une supposée qualité des pratiques courantes." Personnellement, je ne vois pas en quoi il devrait s'agir d'un problème...

Cela continue sur la dénonciation de la HAS, de son prédécesseur, de la "maîtrise médicalisée" accusée de ne proposer qu'un "seul chemin" et d'imposer un savoir gestionnaire. La question est intéressante mais n'a à vrai dire que peu de rapport avec le sujet qui nous préoccupe : oui, soutenir les méthodes ayant les meilleurs rapports avantages/coûts s'impose comme une évidence. Et je ne vois pas en quoi cela signifierait l'abandon de la question politique.

Par la suite, la HAS est carrément accusée de représenter la "vérité, [...] indépendante, [...] au-dessus de la politique...". Chose que personne de censé ne défend, en réalité. C'est pourquoi, paradoxalement d'ailleurs, ce passage a malgré lui une certaine pertinence. Je ne suis pas compétent en ce qui concerne le passage suivant. Passons à celui d'après :

"Cela fonctionne comme un nouveau modèle, qui n'est pas sans rappeler le dispositif techno bureaucratique soviétique, l'État supposé au service du peuple fabrique une machinerie qui met le peuple au service de l'État." J'allais dire la même chose, mais concernant le système actuel ! D'ailleurs, je me demanderais presque si toutes vos agitations ne sont, au fond, que des justifications idéologiques pour défendre vos intérêts-propres...


"C'est un peu comme si l'art de la table et les métiers de la bouche étaient passés sous le contrôle de leur stricte qualité chimique et calorique, comme si les grands chefs cuisiniers se devaient de se soumettre à une haute autorité de la bouche faute d'être désignés comme de vilains garnements désobéissants.Tout ça pour masquer que les marchés en fruits, légumes, volailles et autres denrées ne sont plus approvisionnés comme il le devrait. Surtout le peuple ne doit pas être trop au fait des réelles données du problème."


Analogy fail, comme disent les anglo-saxons. En effet, le soin comporte une part d'objectivité, que l'on peut mesurer à l'aide de différentes échelles par l'effet direct ou non sur l'organisme. Et puis, surtout, quelle idée de comparer le fait d'aller mieux, voire d'avoir la vie sauvée, au simple plaisir des papilles ? La deuxième phrase, ainsi que le paragraphe suivant, perdent alors leur sens.

Alors qu'on ne voyait pas de rapport direct entre tout ça et le sujet de départ, c'est seulement maintenant qu'on revient à nos moutons :


"Cela ne peut être un hasard que ce soit au sein du domaine du soin, là où la question de l'inégalité de chacun devant le devenir de son corps et de son esprit est criante, là où la solidarité collective doit se montrer exemplaire pour lutter contre les inégalités du destin" 

A vrai dire, je ne peux que saluer cette phrase !


"Que ce soit là que se soit infiltré un processus antidémocratique, qui sous prétexte, à son origine, d'un coup politique, se soit transformé en un virus destructeur des espaces de travail, du débat contradictoire, virus qui ne cesse de détourner au profit de sa reproduction une somme non négligeable des forces vives de la nation." 

C'est vous qui le dites, en revanche, là...

La fin de ce passage montre d'ailleurs qu'on redescend dans le conspirationnisme pur jus.

Et les mots de la fin :


"L'éducation n'est pas le soin. Chaque parent à la liberté d'orienter son enfant vers des choix de rencontre avec le monde qu'il lui imagine profitable. Le soin n'a rien à dire en son nom de ce genre de choix. Il est heureux que la psychiatrie, la psychanalyse, les psychologies, n'ait aucune généralité à affirmer quant à ce genre de choix, qu'il relève d'une éducation musicale ou artistique, d'une éducation sportive, d’un renforcement éducatif, d'un soutien pédagogique ou d'une éducation religieuse… Bien sûr en respect avec les règles et lois régissant nos sociétés. Les enfants dits autistes comme les autres. Si des parents souhaitent que des méthodes éducatives leur soient appliquées, tant que cela ne compromet pas le devoir des parents envers leurs enfants ainsi que le droit des enfants tels qu'il a été récemment édicté qu'ils le fassent. Ils peuvent d'ailleurs en débattre s’ils le souhaitent avec l'ensemble des sciences humaines concernées par les sciences de l'éducation."

Je suis assez ravi d'entendre cela, reste à rester cohérent avec ces principes, chose dont je doute, bizarrement.


Il ne suffit pas de passer du domaine de l'éducatif au domaine du soin pour devenir prophète,  nul n'est prophète en son pays n'a jamais voulu dire qu'on devenait naturellement prophète en allant dans le pays des autres. Là par contre, je ne vois pas le rapport avec ce qui précède... Plus généralement, je pense que le choix des méthodes éducatives est un fait plutôt positif, indicateur du fait que l'on va progressivement vers un monde où l'autisme ne sera plus reconnu comme maladie, mais comme condition nécessitant une approche particulière.

Les derniers paragraphes montrent bien, d'ailleurs, à quel point ces psychoprêtres sont de plus en plus dans un monde à eux, accusant leurs adversaires d'erreurs qu'ils ne font pas, pour détourner l'attention. Aussi, je ne vois pas vraiment le rapport avec la laïcité.

En attendant, avec toutes ces belles paroles, le Collectif ne parle pas de l'interdiction toujours persistante (et bien réelle, cette fois-ci) du film Le Mur de Sophie Robert par la justice française.

De plus, j'avoue avoir un peu du mal à lire leur style inutilement alambiqué***, qui participe à l'attention qu'ils essaient d'attirer sur eux, et que j'appellerai volontiers "cache-misère" si j'étais politiquement incorrect, alors si quelqu'un de bonne volonté pouvait vérifier que je n'ai pas fait de contresens...

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*comme pour les autres articles sur le Collectif des 39, je reprendrai les passages pertinents de cet article et les commenterai.

**si bien que je finis par me demander pourquoi je passe autant de temps à les critiquer, si c'est pour ça...

***pour tout vous dire, je comprends mieux l'anglais écrit que ce genre de chose !


Le monde existe encore

...et la fin du monde n'a pas eu lieu. Étonnant, non ?





17/12/2012

Une perle dans les commentaires de l'Huma

Concernant un article ayant pour sujet la récente et tragique tuerie scolaire de Newtown, dans le Connecticut   (c'est moi qui met en gras) :


C'est à chaque fois c'est-à-dire très souvent la même rengaine: "cette tragédie ne doit plus se reproduire". Et inévitablement elle se reproduit. (D'ailleurs, elle s'est déjà reproduite en Californie). 
Cette pratique commune aux États-Unis des parricides "collectifs" (dans un parricide un fils tue un fils) ne s'explique pas par la législation particulière des armes. La législation facilite techniquement les passages à l'acte des pulsions suicidaires. 
Ce qui est en cause c'est surtout la désintégration de la fonction symbolique patriarcale et, consécutivement celle de l'ordre de la filiation. 
La "tuerie" de Newtown est avant tout un parricide. Le meurtrier a d'abord tué père et mère puis, les enfants avant de se suicider, de s'anéantir à son tour. 
La psychanalyse nous a beaucoup appris sur la nature du "parricide". En particulier Pierre Legendre dans son livre et Traité sur le Crime du Caporal Lortie en 1984 au Québec (un parricide semblable à celui de Newtown) 
Mais compte tenu de l’opprobre jeté de nos jours sur la psychanalyse comme sur le communisme (les fameux livres noirs) il est vain d'essayer d'argumenter. Ce ne serait que peine perdue. 
La grande pulsion libéral-nihiliste qui anime l'Occident et que déjà Dostoïevski avait repérée pousse à "déconstruire" ou plutôt à détruire tous les montages symboliques et juridiques transmis depuis 100 générations.

Si je comprends bien, l'auteur tient le même genre de discours que le député-psychiatre qui assimilait récemment homoparentalité et terrorisme au sein-même de notre hémicycle ?! N'est-ce pas un peu paradoxal pour quelqu'un qui semble se dire de gauche, ou qui en tout cas commente sur le site d'un journal dit de gauche ?

Source : http://www.humanite.fr/monde/newtown-obama-promis-des-mesures-significatives-511095 (en bas de page)

15/12/2012

Manifestation du 16 décembre à la Bastille pour le mariage pour tous : j'y serai !

Ce sera donc le dimanche 16 décembre, à partir de 14 H à la Bastille. Je considère qu'il s'agit d'une réforme sociétale juste, sans précédent, et qu'elle mérite donc d'être défendue pour cette raison. Si vous êtes sur Paris, je vous invite à venir ce jour-là y passer.


13/12/2012

Réponse de Bernard Dov Botturi à Jean-Claude Maleval

Bernard Dov Botturi est un médecin français, très critique vis-à-vis de la psychanalyse, il a été l'une des principales figures (avec Magali Pignard) à l'initiative de la création de l'ONG SDDA (pour défendre les droits des familles avec enfant autiste).

Ici, il répond à Jean-Claude Maleval, psychanalyste (psychoprêtre) membre de l'Ecole de la Cause Freudienne, et dénonce plusieurs points de son argumentation - j'essaierai de retrouver la réplique initiale de J.-C.M., d'ailleurs, même si on devine le genre d'arguments qu'il a pu employer.

Même si j'ai certainement un peu de retard - je ne sais pas de quand ça date - je vous conseille de lire cette réponse, elle contient des arguments très pertinents.

Article de Didier Pleux dans Le Monde : "Hégémonique Psychanalyse"

Didier Pleux est un des auteurs du Livre Noir de la Psychanalyse. Ici, il dénonce dans un court article du Monde certains excès de la psychanalyse et s'en prend également au dangereusement droitier* Philippe Val et à ses attaques injustifiées (dont j'avais déjà parlé dans un précédent article, d'ailleurs).


*en effet, puisque qualifier quelqu'un d'extrême-droite n'est pas considéré comme diffamatoire en France, je propose dorénavant d'accoler systématiquement le qualificatif d' "extrême droite", ou autres variantes, à chaque nouvelle mention du nom de Philippe Val.

09/12/2012

Vidéo : présentation du livre "Qu'ont-ils fait de Florian ?"

Jean-Christophe Pietri (lui-même dyslexique) présentait sur la radio Alta Frequenza (dans l'émission In Giru) le livre qu'il a écrit à propos de l'autisme, Qu'ont-ils fait de Florian ? à propos de son fils et de la prise en charge de l'autisme en France, ici :

http://www.dailymotion.com/video/xveze1_alta-frequenza-in-giru-avec-jean-christophe-pietri_creation

Je vais peut-être voir ce que vaut le livre et le rapporter ici, le cas échéant. A plus !

05/12/2012

6 décembre : manifestation devant le Sénat français

Alors que se tiendra un colloque au Sénat concernant la prise en charge de l'autisme, des manifestants seront présents de 11 H à 14 H 30 devant le Palais du Luxembourg pour alerter les sénateurs et transmettre la pétition suivante et alerter sur les insuffisances du troisième plan autisme. Je pense pouvoir être là.

Ce sera à la pause midi, donc si vous avez le temps et la possibilité de venir...

02/12/2012

L'EFSA rejette définitivement l'étude de Gilles-Éric Séralini

Avec un peu de retard, ici. Beaucoup chez les anti-OGM accusent déjà l'EFSA de conflits d'intérêt. Je ne reviendrait pas ici sur l'historique de la controverse concernant les études de Séralini sur les OGM, dont a déjà parlé durant des mois entiers dans les médias.
Des biais méthodologiques étaient déjà soupçonnés depuis longtemps.

Tout le monde a encore dans la tête, en mémoire, les images de ces pauvres rats boursouflés de tumeurs affreuses, de la taille de balles de ping-pong. Mais par la suite, même les médias les plus sensationnalistes ont reconnu qu'il y avait un emballement médiatique disproportionné autour de cette affaire (venant d'un journal comme Science et Vie par exemple, ça ne manque pas d'ironie, quelque part...)

J'y reviendrais peut-être à l'occasion d'un nouvel article consacré au sujet complexe des OGM, qui sera plus détaillé que cette simple petite note.

Le lien de la semaine : Tu penses comme tout le monde

Tu penses comme tout le monde est un blog Tumblr créé par Benjamin Stock et Olivier Chacornac (le dernier étant connu sous le pseudonyme de Poulpeman sur de nombreux forums sceptiques), qui fait la promotion d'une certaine idée de l'anarchisme, assez répandue chez de nombreux sceptiques francophones. Même si je ne suis pas forcément d'accord avec ce qu'ils disent sur quelques-uns des sujets - personnellement je pense que parfois, ils manquent un peu de pragmatisme, ont un peu trop d'avance sur leur temps ou exagèrent un peu, ce qui peut nuire à la vocation originellement sceptique du site - , je pense qu'on peut y trouver plusieurs réflexions intéressantes. Hélas, le blog n'est que rarement mis à jour maintenant, mais quelques articles peuvent se révéler pertinents.

27/11/2012

Ce soir...

Le cerveau d'Hugo, un docu-fiction concernant l'autisme, sur France 2.

http://www.france2.fr/emissions/le-cerveau-dhugo

Je vais essayer de le voir ce soir, et j'éditerai éventuellement cette brève note (ou créerai un nouvel article) afin d'écrire ce que j'en pense.

24/11/2012

Vidéos européennes pour la promotion de la science

Toujours via Pharyngula, je trouve cette idée assez pertinente (les cyniques diront qu'il s'agit en partie de rattraper le niveau après le désastreux Science : it's a girl thing !).

Voici une des vidéos :


Je n'ai pas vu les autres, en revanche, pour l'instant. Le site du concours est ici.

PZ Myers sur la psychologie évolutionniste

PZ Myers est l'auteur du blog (en anglais) Pharyngula, dont j'avais déjà parlé dans un précédent article d'ailleurs. Il y parle généralement d'athéisme et de biologie, et critique le créationnisme et le fondamentalisme religieux. C'est un athée très militant, et pour cette raison il a pu être parfois assez controversé.

Ces derniers jours, il s'attaque à la psychologie évolutionniste dans plusieurs de ses posts : ici, d'abord, où il dénonce l'usage qui peut en être fait par certains, puis , et , où il s'agit aussi de critiques de fond, bien qu'il en reconnaisse la valeur dans certains cas.

Par ailleurs, la psychologie évolutionniste est un sujet qui mériterait que je lui consacre un article, afin de détailler ce que je pense de cette "discipline", d'après les informations que j'ai pu dénicher ici et là à ce sujet.

edit : nouvel article de PZ Myers qui contribue encore au débat autour de l'"evo-psych".

edit 2 : contrepoint utile de Jerry Coyne pour ceux que ça intéresserait.

edit 3 : nouvel article de PZ Myers sur ce sujet, deuxième d'une nouvelle série après celui-ci. Désormais, cet article sera mis a jour à chacun de ses nouveaux articles à ce propos.



16/11/2012

Philippe Val, un symptôme parmi d'autres

J'ai lu un article d'Autism Rights Watch sur Philippe Val, et cela m'a donné envie de détailler ce que je pense de ses positions.

Le 9 novembre dernier, la radio de service public France Inter avait entièrement consacré une journée spéciale à Freud, en dehors de tout évènement particulier.

Et voilà que le 15 novembre, sur les ondes de la station qu'il dirige, c'est Philippe Val lui-même qui vient défendre l'organisation de cette journée.

Je dirais que sa propre page Wikipédia parle d'elle-même et permet de mieux cerner le personnage, et tout le monde, ou presque, trouvera ainsi quelque chose à critiquer chez lui, de ses prises de position incohérentes concernant la liberté d'expression à son attitude autoritaire dans les média qu'il a dirigé ces dernières années. Nommé à la tête de France Inter en 2009 par Jean-Luc Hees (donc, indirectement, par Nicolas Sarkozy lui-même), il y est responsable de l'évincement des humoristes Stéphane Guillon, Didier Porte et Gérald Dahan. Ce n'est qu'un exemple. Mais je vais quand même détailler et m'intéresser à ce qu'il a dit hier.

En l'occurrence, une fois de plus, il se ridiculise.

Une fois n'est pas coutume, de nombreux auditeurs ne s'y sont pas trompés :


" Journée qui a passionné nos auditeurs donc, mais qui a aussi suscité des interrogations ou des critiques d’une aussi belle tonicité pour vous donner une idée du ton de la correspondance que j’ai reçu. Quelques extraits de courriels : « Pourquoi pas une journée homéopathie » nous demande François.  « Pourquoi pas une journée spéciale astrologie » nous ajoute Frédéric. « La psychanalyse est la plus grande imposture du 20ème siècle » affirme Jean. « Pourquoi France Inter lui consacre-t-elle une journée de propagande ». Ou encore ce dernier extrait de Josse, qui se présente comme docteur en neuroscience, qui nous écrit : « Etes-vous conscient que les spécialistes de la neuroscience et de la psychologie cognitive pensent que nous donnons beaucoup trop de crédit à la communauté psychanalytique ». Alors Philippe Val, merci d’abord d’accepter cet échange, est-ce que vous êtes surpris par la passion contenue dans ces messages ? Pensiez-vous que Freud et la psychanalyse étaient toujours  des sujets aussi clivant ? "

Mais Philippe Val n'a apparemment rien trouvé de mieux à répondre que ça :

" Le livre noir de la psychanalyse, un livre d’ailleurs à tonalité … avec des auteurs, disons assez louches… Euh… plutôt marqués à l’extrême-droite et une extrême-droite qui ne sent pas toujours très bon, mais apparemment cela n’a choqué personne. "

Outre qu'il s'agit d'un ad hominem classique qui évite d'avoir à critiquer le fond de l'ouvrage, je peux être quasiment sûr et certain que Philippe Val n'a pas lu le livre Noir, ne fait que répéter les arguments avancés depuis des années par Roudinesco et consorts et ne sait même pas de quoi il parle. Sans même parler des auteurs, dont la grande majorité ne peuvent que difficilement être qualifiés d'extrême-droite, rappelons que l'on peut lire ce paragraphe dans le début de l'ouvrage (seulement depuis 2010, il est vrai, puisqu'il s'agit d'un passage consacré à l'histoire du livre) :

" Deuxième difficulté, le pedigree des auteurs. Outre leur compétence et leur crédibilité - préalable nécessaire à toute entreprise éditoriale -, je fus obligé d'évaluer leurs intentions. Je m'explique. La psychanalyse a de nombreux opposants, parfois pour de bonnes raisons (historiques, épistémologiques, théoriques, cliniques), parfois pour de mauvaises : il y a une longue tradition de critique de droite et d'extrême droite de la psychanalyse - certains excités voyant dans le système freudien le ver dans le fruit de la civilisation. C'est là que le bât pouvait blesser. Je devais m'assurer que nous ne laisserions pas entrer le loup dans notre bergerie. "

Ce passage devrait être rappelé à tous ceux qui prétendent que le livre Noir diffuse une idéologie droitière. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'était pas l'intention de Catherine Meyer...

Il continue dans l'ad hominem :

" Et c’est comme si il y avait toute une partie du monde intellectuel, qui était hostile à cela, qui était plutôt soucieux d’ordre, de nationalisme … d’ordre … de rangement, de dressage de l’individu, alors que la partie freudienne du monde intellectuel fait le pari de la liberté. Et ça, la liberté aujourd’hui, ça suscite énormément d’hostilité. "

Non content de souligner l'importance du déterminisme psychique chez Freud, qui, d'après des critères certes actuels, n'était pas vraiment soucieux de liberté, ni de m'interroger sur l'éventuelle ironie involontaire de tels propos, étant donné nombre d'actions et prises de position de Val, je dois avouer, et je ne pense pas être le seul, que je ne me reconnais pas du tout dans cette description, et en tout cas je ne pense pas m'intéresser à ces valeurs plus que Philippe Val lui-même.

Par ailleurs, des gens tels que Michel Onfray, Jean-Louis Racca, moi-même et d'autres, nous voulons montrer qu'il existe une gauche anti-psychanalytique en France, et même que la gauche devrait être anti-psychanalytique. Parce que la psychanalyse, à la fois, est irrationnelle et entretient des préjugés. Toute la théologie du monde ne pourra cacher le fait que l' "envie de pénis" est un concept odieusement sexiste, qui serait un peu moins dérangeant s'il n'était pas, comme nombre de concepts freudiens, irréfutable au sens de Popper. Freud a été critiqué là-dessus dès son époque ; on doit à Karen Horney l'invention de l' "envie d'utérus" pour lui répondre. De plus, Freud avait certes des opinions progressistes pour son époque par rapport à l'homosexualité, mais pensait également que le refoulement de l'homosexualité conduisait à la paranoïa ou à la schizophrénie, étant ainsi à l'origine d'un des mythes anti-gays les plus pernicieux qui soient.

Ensuite :

" Et je voudrais juste aussi ajouter qu’on n’a pas fait une journée qui était une journée de débat, mais une journée de connaissance. C’était reconnaître l’apport. On aurait pu faire Darwin, ou Einstein [...] " 

" Mais Michel Onfray, on l’entend partout depuis 10 ans, sans contradiction. Et là il n’était pas question de donner la contradiction à Onfray, ou on peut travailler sur Freud…. Par exemple, si vous voulez faire une journée sur Darwin, ce qui est un personnage absolument fantastique, un intellectuel merveilleux du XIXème siècle, est-ce que vous être obligé de faire venir des créationnistes toute la journée. " 

 " mais la figure de Freud, grand intellectuel européen, et un des deux grand génies du début du XXème siècle avec Einstein. Il fallait lui rendre hommage. Il faut que les gens se réapproprient les figures qui ont fait, qui font la richesse de leur vie intellectuelle. "

Pour commencer, il est absolument impossible de comparer Freud à Darwin ou à Einstein. Il se trouve, d'une part, que Darwin a eu plutôt raison et que Freud a eu tort sur de nombreuses questions. Mais pas uniquement. Darwin a encore aujourd'hui, dans tous les pays du monde ou presque, un prestige scientifique que n'aura jamais Freud. Darwin n'a jamais été aussi intellectuellement malhonnête que Freud. Le rapprochement avec Einstein est encore plus hasardeux, sachant que la théorie de la relativité était considérée par Popper comme l'exemple-même de la théorie scientifique réfutable et la psychanalyse comme l'exemple-même de la pseudo-science. C'est juste un exemple, mais il s'est avéré que l'intuition de Popper fut plus que juste, et Einstein eut un impact beaucoup plus grand que Freud sur la science.

On retiendra du premier paragraphe cité que Val assume, étant donné le ton général de la journée en question, quasiment parfaitement le fait d'avoir organisé une journée de propagande, et n'a aucun intérêt, patience ni considération pour les critiques de la psychanalyse, d'où qu'elles puissent venir.

Je pense avoir dit l'essentiel de ce que je pensais sur la rhétorique de Philippe Val ici. Force est de constater que quelque part, il n'en est pas à son premier coup d'essai et qu'il a impulsé autour de lui une dynamique autoritaire et dogmatique sur laquelle je ne m'attarderai pas. Au moins un point est clair ; Philippe Val, comme d'autres qui se disent de gauche d'ailleurs, est psychologiquement de droite : fermé d'esprit et autoritaire. C'est un point qui me semble important, car l'une des caractéristiques essentielles de la gauche, à mon sens, est l'ouverture d'esprit et la sensibilité aux idées nouvelles, la complexité de pensée, le fait de ne pas se laisser enfermer dans les faux dilemmes et la peur du changement.

Pour ne pas finir sur une mauvaise note, tout n'est pas sombre non plus et, à titre personnel, s'il reste des choses à défendre chez lui, je ne peux que saluer son engagement contre tous les fondamentalismes religieux et pour le fédéralisme européen. Bien que ce fut après son départ en 2009, j'ai également défendu Charlie Hebdo, chaque fois que ce journal fut attaqué concernant la religion, récemment.

edit : il est dans mon devoir de vous donner le lien vers le message de Jean-Louis Racca, autrement plus percutant et mieux construit que le mien. Ainsi que vers ce récent article du CorteX sur la reduction ad hitlerum, c'est-à-dire, indirectement, le point Godwin.

edit 2 : et voici maintenant la réaction de Jean Cottraux, particulièrement radicale.

Petite perle de nanar

http://www.nanarland.com/ils-ont-dit-32-psychanatrice-.html

14/11/2012

Les habits neufs de l'empereur - texte intégral

Marre de lire des textes creux, incompréhensibles, dont les auteurs ne se soucient guère de les expliciter auprès du grand public, ou même de leurs propres pairs, au point de ne même pas savoir eux-mêmes ce qu'ils disent. C'est dans des moments comme ceux-là que j'ai envie de vous faire partager ce petit classique.


(oui bon, le mot "Keiser" est traduit par grand-duc dans cette version. Comme je ne parle pas danois, je ne puis juger du bien-fondé de cette traduction)

http://fr.wikisource.org/wiki/Les_Habits_neufs_du_Grand-Duc

Souvenez-vous : le roi est nu.

12/11/2012

Articles de Gunilla Gerland

En guise de suite provisoire à mon article La psychanalyse est neurotypiste, partie I, toujours sans suite pour le moment, voici deux articles de Gunilla Gerland publiés sur le site Asperansa, et traduits du suédois :

Il est bien temps ! L'autisme et la psychanalyse

et

Pourquoi les théories dites psychodynamiques...

Gunilla Gerland est une autiste suédoise, diagnostiquée à l'âge de 29 ans, qui tout comme d'autres auteurs, exprime ses idées sur l'autisme d'un point de vue interne.

11/11/2012

Hors sujet - l'Encyclopédie du Paranormal

L'Encyclopédie du Paranormal est un site où l'on se propose de faire l'inventaire de tout ce qui est couramment associé au paranormal. Malgré son nom, l'Encyclopédie se fixe pour but d'être objective et se démarque des centaines de sites bidons qui vendent du rêve et colportent un grand nombre d'inexactitudes. De plus, la plupart des contributeurs ont un oeil assez critique et essaient d'aborder le sujet objectivement, on y retrouve même d'ailleurs des forumeurs et autres personnalités familières de ceux qui s'intéressent au mouvement sceptique francophone, tels que Cortex (Eric Déguillaume) par exemple. Le projet a été démarré par Paul Binocle, qui tient un blog d'humour (qui n'est plus mis à jour, malheureusement).

Pour l'instant le projet est un peu ralenti, car il repose sur une communauté assez restreinte, mais si vous pensez avoir des connaissances sur un phénomène réputé paranormal ou même un élément de folklore, vous serez les bienvenus.

Le site possède également un forum (qui mériterait d'être un peu plus animé), si vous êtes intéressé par la participation au projet, ou tout simplement par le paranormal.

10/11/2012

Vidéo sur les interventions éducatives concernant l'autisme

Cela circule beaucoup en ce moment :



Je conseille d'ailleurs le reste de la conférence TEDxParis (rien à voir avec les Troubles Envahissants du développement ; il s'agit d'une conférence qui aborde des sujets académiques divers, mais toujours intéressants). Il y a également une intervention du célèbre autiste d'Asperger surdoué Daniel Tammet à ne pas manquer.

04/11/2012

Delion sur le packing

Encore un article pour tous ceux qui pensent encore que les psychoprêtres sont des scientifiques à part entière :

http://packing.blog4ever.com/blog/lire-article-705971-9611200-pierre_delion__les_packs_comme_processus_therapeut.html

Saurez-vous trouver toutes les fois où l'auteur invoque les idées d'un psychanalyste célèbre pour justifier sa pratique* comme s'il s'agissait d'évidences, s'appuie sur des dogmes non-démontrés et utilise des analogies plus que douteuses qu'il ne passe pas beaucoup de temps à justifier ? Allez, je vous laisse vous entraîner sur ce texte.

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* que beaucoup par ailleurs, non sans raison, assimilent à une forme de torture soit dit en passant : pensez, emmailloter un jeune enfant peu habillé dans plusieurs kilos de linge froid et humide ! De plus, contrairement à ce que les psychanalystes affirment souvent, on demande rarement l'avis au gamin.

02/11/2012

Qu'est-ce que la neurodiversité ?

La neurodiversité est un concept et mouvement social, d'origine américaine ; le terme est attribué à Judy Singer, une sociologue avec le syndrome d'Asperger, et son premier usage (en anglais) peut être attribué au journaliste Harvey Blume en 1998, qui lui donna un sens assez positif. Par la suite, le mouvement se développa un peu grâce à Internet, même s'il reste assez confidentiel.

Globalement, la neurodiversité est l'idée selon laquelle les différences neurologiques peuvent et doivent être reconnues comme catégorie sociale au même titre que le genre, l'ethnie, la classe ou le handicap. Comme exemple de ces différences, on peut citer la Dyspraxie, la Dyslexie, le trouble de l'attention/hyperactivité, la Dyscalculie, les troubles autistiques, le Syndrome de la Tourette, ainsi que d'autres.

Ce mouvement considère qu'il s'agit de variations normales du câblage cérébral humain, et rejette, dans de nombreux cas, l'idée qu'il s'agisse de maladies. En un sens, le concept de neurodiversité possède un analogue avec celui de biodiversité en biologie.

Le mouvement a pris son essor lorsque l'on a découvert, dans les années 1980, que l'autisme avait une cause organique et n'était pas dû à de mauvais parents (cette idée a eu la vie dure en France).

Les partisans de la neurodiversité sont favorables à l'acceptation des différences de comportement, tant qu'elles ne nuisent à personne, à un changement de notre vision des choses concernant la terminologie qu'on emploie, et à un meilleur contrôle des individus neurodivers sur le type de traitements qu'ils choisissent, s'il doit y en avoir un.



Je pense personnellement que défendre une version "modérée" de la neurodiversité est tout à fait raisonnable et même souhaitable, à condition qu'elle se fasse à petits pas, mais qu'une version plus large (qui comprendrait l'autisme de bas niveau, la maladie de Parkinson et les borderlines, entre autres) est impossible à défendre, et peut-être même dangereuse.

En France, la situation particulière, le retard flagrant en matière de prise en charge des enfants autistes, le fait que les adultes autistes restent peu visibles pour le moment et la prégnance absurde des raisonnements boiteux font que le concept est pour l'instant peu défendu, voire difficile à défendre ; le principal combat à l'heure actuelle, qui doit nous unir, vise à faire triompher l'approche et la vision scientifiques de l'autisme. Ce n'est pas un combat facile étant donné que, même chez nos alliés, certains semblent parfois colporter des idées fausses, sur les vaccins par exemple. Il appartient donc d'être vigilant, à tout moment.


Références (certaines d'entre elles sont à parcourir avec un oeil critique ; de plus, sauf la dernière, elles sont toutes en anglais) :

http://www.imh.liu.se/avd_halsa_samhalle/filarkiv1/1.264263/JaarsmaWelin2011Autismasanaturalvariation.pdf
http://www.nationalreviewofmedicine.com/issue/2006/04_30/3_patients_practice05_8.html
http://www.nytimes.com/2006/01/29/books/review/29morrice.html
http://neurodiversitysymposium.wordpress.com/what-is-neurodiversity/
http://mikestanton.wordpress.com/my-autism-pages/what-is-neurodiversity/
http://radicalpsychology.org/vol7-1/boundy.html
http://en.wikipedia.org/wiki/Neurodiversity
http://www.scienceshumaines.com/index.php?lg=fr&id_article=26739


01/11/2012

Jean-marie de Lacan

J'y aime des ailes est un blog satirique qui parodie les discours et le style des psychanalystes lacaniens.

Si certains articles donnent quelque peu dans la caricature, d'autres valent le coup d'oeil et ne sont en fait pas si éloignés que ça de la réalité, du moins si on en croit les portraits de psychanalystes qui ont été présentés dans le film Le Mur, de Sophie Robert.

Le plus souvent, ça n'est pas non plus à se rouler par terre, entendons-nous bien, mais cela peut être intéressant de repérer les allusions cachées, pour peu qu'on suive de près les débats autisme/psychanalyse et/ou qu'on s'intéresse à la situation de la psychologie en France, d'un point de vue critique.

Ethique, de Baruch Spinoza


Ethique est le principal ouvrage dans lequel le philosophe hollandais Baruch Spinoza expose, de façon synthétique, l'ensemble de sa philosophie - bien que l'aspect politique y reste assez parcellaire. Spinoza utilise une suite de "démonstrations" fondées sur des raisonnements logiques établis à partir d'axiomes, ce qui peut rendre la lecture plus difficile que prévu (le livre lui-même, en conséquence, ne devrait être conseillé qu'aux passionnés de philosophie).

Il est divisé en cinq grandes parties :

La première s'intitule De Dieu et Spinoza y expose sa conception de la métaphysique. Pour lui, tout est en Dieu, substance unique (d'où le "monisme"), assimilée à la Nature elle-même. C'est pourquoi on a pu qualifier Spinoza de panthéiste, même si ce n'est pas tout à fait exact étant donné le rapport très particulier de Spinoza à Dieu. Par ailleurs, la philosophie de Spinoza est déterministe. Il critique aussi le finalisme, le fait de tout attribuer à la volonté de Dieu ("cet asile de l'ignorance" dans ses propres mots).

La deuxième a pour titre De la nature et de l'origine de l'âme. Spinoza y décrit sa conception de l'âme, ou plutôt esprit, qui est "l'idée du corps". Dans la continuité de la partie précédente, il s'oppose au dualisme cartésien. Il y expose aussi quelques éléments de son épistémologie.

La troisième, De l'origine et de la nature des affections, traite des affects, des sentiments, de la Joie et de la Tristesse, l'Amour et la Haine. C'est aussi là qu'il présente le concept de "conatus", l'effort de persévérance dans l'être propre à toute chose selon lui.

La quatrième, De la servitude de l'homme, a pour sujet, d'abord les éléments extérieurs qui limitent l'homme sur le plan moral, et ce qu'on qualifierait aujourd'hui d'éthique à proprement parler, puis aborde des éléments concernant les règles de la vie sociale. Spinoza y décrit un chemin particulier, celui de l'homme guidé par la Raison.

La cinquième, enfin, De la liberté de l'homme, est un peu plus positif dans la vision de Spinoza et décrit son idéal de vie : la connaissance intuitive, l'amour intellectuel de Dieu, la recherche de la béatitude. Il a une conception intéressante, quoique contre-intuitive, de l' "immortalité" de l'âme.


Comme je l'ai écrit précédemment, il s'agit d'un livre assez difficile, à réserver aux fans de philo. Néanmoins, en le lisant, on comprend pourquoi Spinoza a eu une influence considérable sur de grands champs de la philosophie. Aujourd'hui encore, de grandes parties de sa vision de Spinoza ont été reprises par le psychologue Antonio Damasio.

29/10/2012

Deuxième réponse aux 39

Pour rappel : cet article-ci et celui-là.

Le collectif des 39 a, cette fois-ci publié un long texte pour défendre la psychanalyse et la psychothérapie institutionnelle (abrégée en PI). Ce texte de Patrick Chemla sera une fois de plus l'occasion d'analyser et de décortiquer leur rhétorique.

Sans surprise pour ceux qui les connaissent un peu, ils dénoncent "les menaces fascisantes de ces groupes qui tentent actuellement de nous faire taire et d’interdire de parler, penser, agir avec la psychanalyse et la PI" ce à quoi je répondrai que c'est le film Le Mur qui est toujours interdit aujourd'hui par décision de justice. Je ne commenterais donc pas plus longuement sur leur continuel délire de persécution.

C'est à partir du deuxième paragraphe que l'on aura l'occasion d'analyser leur langage codé. Tout d'abord, pour commencer : 

"entre l’image du « fou à délier » de l’Asile traditionnel qu’une génération de psy a voulu libérer de ses chaines"  

Personnellement, je ne suis pas favorable à cette image et je combattrai ce genre de conceptions et de stéréotypes s'il venaient à réapparaître.

"et celle du handicapé psychique qu’il s’agit de gérer et de normaliser"

C'est là que ça se corse et qu'il faut savoir lire entre les lignes. Le plus probable, c'est qu'ils entendent indirectement par "gérer" et "normaliser", le fait de permettre permettre aux "handicapés psychiques" d'être inclus à l'égal de leurs pairs dans notre société.

 "il semble bien qu’une constante demeure, celle de faire taire et de mettre au silence les témoignages et la tentative que représente la crie (sic) de folie de trouver un lieu d’adresse. Envers et contre tout la Folie s’exprime à sa manière."

Outre l'habituel procès d'intention, je devrais préciser que je n'ai rien constaté de tel sur les forums où je vais habituellement, bien au contraire. Alors, on me reprochera peut-être que cela reste bien restrictif et, peut-être, que je ne m'aventure pas du côté plus "sécuritaire" de la chose, il n'empêche que cette assertion est tellement fausse que cela en devient outrageant. 

Analysons maintenant la proposition "et la tentative que représente la crise de folie de trouver un lieu d’adresse". Je serais tenté de répondre que selon leur conception, ce "lieu d'adresse" est, selon toute vraisemblance, l’hôpital psychiatrique. Or, si j'en crois les très nombreuses descriptions que j'ai pu lire à ce sujet là où je vais d'habitude, c'est loin d'être un endroit idéal, avec des patients régulièrement gavés de neuroleptiques, souvent pris en charge par de jeunes débutants inexpérimentés et ayant droit à toute une batterie de traitements pseudo-scientifiques sans preuve de leur efficacité. On perçoit ici la véritable motivation du Collectif : derrière un discours de respect de la différence, il sont partisans d'une société ségrégative. C'est particulièrement le cas en ce qui concerne Alain Gillis, qui a écrit plusieurs articles usant d'une rhétorique aux aspects bizarrement (?) assez droitiers, il le concède lui-même d'ailleurs.

Je continue :

"Cela alors que les méthodes se réclamant d’une pseudo-scientificité s’appuyant sur la biologie ou le comportementalisme ont fait la preuve de leur peu d’efficacité : il n’y a eu aucun progrès significatif dans l’approche thérapeutique malgré les progrès des neurosciences."

Affirmation extraordinaire qui nécessite des preuves extraordinaires : dans le cas de l'autisme par exemple, l'ABA a une efficacité prouvée, bien supérieure à celle de la psychanalyse. C'est un fait. Alors après, on peut toujours discuter du bien-fondé de l'ABA - je suis le premier à le faire - mais là n'est pas la question.


Le paragraphe suivant laisse assez rêveur, dans le genre paille/poutre il fait plutôt fort. Celui d'après :

"Bien plus grave : certains lobbys de parents d’autistes ont obtenu de la HAS la « non recommandation » du packing et de toute approche fondée sur la psychanalyse et la PI. Et même la promesse de généraliser cet interdit de penser à toute la psychiatrie !"

Je rappelle qu'en fin de compte, suite notamment à des opérations de "contre-lobbying", la psychanalyse est classée "non consensuelle" et non pas "non recommandée". On notera d'ailleurs que les parents d'autistes cités ici y sont toujours qualifiés de "lobbys", alors que ces psychoprêtres ne s'interrogent pas sur leur propre lobbying pourtant très conséquent. La dernière phrase est assez douteuse ; même si l'on interdisait toute pratique psychanalytique en psychiatrie, je ne pense pas que l'on pourrait assimiler cela à un "interdit de penser"  et j'ose espérer que celui-ci serait perçu comme anticonstitutionnel, tant mieux d'ailleurs.


Il s’agit à proprement parler d’une déclaration de guerre que l’on aurait bien tort de négliger en croyant qu’elle pourrait cesser à la faveur d’un changement de gouvernement.


Voilà qui me rassure...

Car elle est le symptôme d’une défaite que j’espère provisoire de toute  pensée critique et de la promotion de « pensées » techniques et opératoires qui se prêtent aisément à l’évaluation, à la mesure de la performance et sont ainsi en sympathie profonde avec l’ordre néolibéral. Nous aurions bien tort de croire que ces attaques soient uniquement centrées dans le champ spécifique de notre praxis, alors qu’elles s’appuient sur une conception du monde et de l’humain qui envahit tous les espaces de la société.

Rhétorique habituelle. C'est plutôt bizarre d'ailleurs, parce que ce que moi (et d'autres) veulent, ce sont des soins et une éducation de qualité pour tous, ce qui va à l'encontre de la logique de l' "ordre néolibéral" tel que je le conçois, qui est justement de nous refuser ces services pour peu qu'on ne puisse pas payer derrière. Mais bon, passons...

"Cette nouvelle raison du monde que Pierre Dardot a exposé à l’ouverture de ce colloque ne pouvait qu’entrer en collision frontale avec nos représentations de l’homme en tant que sujet parlant"

Vous n'abordez pas l'individu humain en tant que sujet non-parlant...

"Cette intrication qui est le ressort crucial de notre praxis est absolument antagonique avec l’ordre néolibéral. Et les efforts pathétiques de certains analystes pour inventer des échelles d’évaluation afin de rivaliser avec les TCC sont bien à côté de la plaque d’enjeux bien plus radicaux."

Cf. ma critique ci-dessus.

Le long paragraphe suivant est rempli de blabla psychanalytique, mais donne une idée du genre de divisions qui secoue ce milieu. Passons :

"Sans un acte de foi sans cesse à relancer dans l’inconscient freudien"

Serait-ce un lapsus ? Etes-vous en train de révéler votre vrai visage ? La suite de la phrase est assez ambigüe, elle aussi.


Le reste du texte commence par une remise en contexte historique. Etant donné qu'il est particulièrement long et difficile, je ne reprendrais donc que les passages qui m'intéressent : 

Car il faudra en cabinet comme en institution tenir cette dimension de la fiabilité qui a toujours manqué au patient psychotique ou borderline : que l’on reprenne l’hypothèse winnicottienne de l’agonie primitive et de l’effondrement ou l’hypothèse lacanienne de la forclusion, nous butons toujours sur une zone de catastrophe, une zone de mort psychique au sens de Gaetano Benedetti.

Sans commentaire.

D’où l’importance des lieux de métaphorisation que j’ai évoqués précédemment et qui peuvent permettre aux soignants d’exprimer leurs éprouvés sensibles, voire d’élaborer leur contre-transfert en théorisant leur traversée en se fabriquant une boite à outils métapsychologique. Mais aussi en rencontrant les éprouvés des patients, des familles et de tous ceux qui se sentent concernés par la folie et la souffrance psychique.

Quid de ceux qui sont incapables de "métaphorisation" ?

Des témoignages qui m’ont d’ailleurs atteint et montré à quel point je méconnaissais la gravité de la situation de la psychiatrie, et le retour de pratiques barbares que je croyais sottement révolues.

C'est l'hôpital qui se moque de la charité...

Je vous conseille de lire le texte jusqu'au bout, il est assez difficile, mais vaut le coup car il contient de sacrées perles même en grattant l'enrobage jargonesque.

Par ailleurs, je tiens à préciser qu'à titre personnel, je suis contre tous ces discours droitiers de criminalisation et de stigmatisation, et contre le sécuritarisme. Mais je m'oppose également à l'approche du Collectif des 39. Et oui...

Le KOllectif du 7 janvier

Le KOllectif du 7 janvier est un groupement de professionnels de la pensée, psychiatres, psychologues, enseignants, chercheurs ou encore représentants d'associations de parents d'autistes, qui s'est constitué en réaction à l'interdiction du film le Mur réalisé par Sophie Robert. Son réseau comporte un grand nombre des liens que j'ai présentés précédemment, ainsi que d'autres situés dans l'encart à droite. (attention, toutefois, pour quelques-uns des liens, les contenus qui n'abordent pas directement les questions de l'autisme ou de la psychanalyse peuvent parfois être discutables sur certains points)

Il est également à l'origine du manifeste pour une psychiatrie et une psychologie basées sur des preuves scientifiques, que je vous conseille vivement de signer, si vous vous améliorer la situation française en la matière.

28/10/2012

Interview d'Axel Kahn au moment de l'entretien Onfray-Sarkozy

Pour boucler la boucle, je vous propose de regarder cette vidéo d'Axel Kahn réalisée au moment de l'interview Onfray Sarkozy pour Philosophie Magazine :

http://www.dailymotion.com/video/x8d7gm_287-l-inne-et-l-acquis-selon-axel-k_news

En toute honnêteté, selon moi, la logique de son raisonnement mériterait d'être discutée sur plusieurs points. Ce sera peut-être le but d'un prochain article qui regroupera toutes mes réflexions liées au débat Onfray-Sarkozy de ce moment-là et à la situation française en matière de raisonnements sur ces débats importants.

Pierre-Henri Gouyon - L'inné, l'acquis... et le reste

Il s'agit d'une conférence de Paris VII avec Pierre-Henri Gouyon, généticien français. Elle a été réalisée peu avant les dernières présidentielles françaises, et traite, vous l'aurez compris, de l'inné et de l'acquis - c'est-à-dire de la part des gènes et de l'environnement dans ce qui nous constitue. Attention, la vidéo peut avoir du mal à se charger :

http://www.univ-paris-diderot.fr/Mediatheque/spip.php?article280

Je reviendrai à l'occasion sur ce que je pense du fameux débat Onfray-Sarkozy, ainsi que du rapport à la politique plus généralement, qui peut être un peu plus compliqué, selon les circonstances historiques locales, que ce que laisse entendre cette vidéo.

Attention, toutefois, Pierre-Henri Gouyon est membre du conseil scientifique du CRIIGEN (le groupement auquel appartient Gilles-Eric Séralini, celui qui fut à l'origine d'une étude plus que discutable sur la toxicité des OGM), il n'est donc pas impossible qu'il soit influencé par ses opinions anti-OGM au cours de cette vidéo.


Mythes freudiens, le site de Jean-Louis Racca

Je vous avais déjà présenté précédemment, indirectement, le blog de Jean-Louis Racca sur Mediapart. Voici maintenant son site, intitulé Mythes Freudiens. Certaines anecdotes pourront être à vérifier, mais on y apprend néanmoins quelques choses intéressantes sur le fondateur de la psychanalyse. Cela peut permettre de compléter une lecture d'un Onfray très "à charge".


26/10/2012

Les Nouveaux Psys - ouvrage collectif



Les Nouveaux Psys est un ouvrage collectif publié aux éditions Les arènes, sous la direction de Catherine Meyer (déjà à l'origine du Livre Noir de la Psychanalyse ; on retrouve d'ailleurs beaucoup d'auteurs en commun entre les deux ouvrages) qui vulgarise de nombreuses connaissances et découvertes récentes ou moins récentes en psychologie, au-delà de la psychanalyse encore majoritaire en France à l'heure actuelle.

Il s'agit d'un recueil d'interviews de 37 psychologues parmi les plus réputés au niveau international à l'heure actuelle. Il aborde huit thématiques principales : les origines évolutionnistes de l'esprit humain, le raisonnement, la mémoire, les émotions, la personnalité, le cerveau, l'esprit et les psychothérapies. Pour chacune de ces thématiques, plusieurs psychologues sont interrogés.

Voici les noms des interviewvés qui sont présentés dans l'ouvrage :

Frans de Waal, célèbre primatologue.

Steven Pinker, l'un des rares psychologues évolutionnistes(1) que j'admire, il a notamment écrit un livre parait-il très intéressant sur l'histoire de la violence dans les sociétés humaines. Si je le trouve, je le lis et je le chronique ici.

Robert Plomin, qui étudie l'interaction entre gènes et psychologie.

Emilio Ribes Inesta, pour qui l'esprit lui-même est une interaction.

Robert Sternberg, Howard Gardner et Jerome Bruner étudient l'intelligence.

Noam Chomsky, linguiste de grande envergure et pionnier du cognitivisme. Il est également connu pour ses forts engagements politiques.

James MacClelland, pour qui le cerveau n'est pas un ordinateur.

Philip Tetlock pour le raisonnement et la prévision en politique.

Endel Tulving pour la mémoire épisodique.

Ross Quillian et Allan Collins pour le réseau sémantique.

Elisabeth Loftus, qui s'intéresse aux faux souvenirs.

Paul Ekman et Joseph Ledoux pour les émotions, ainsi que :

Antonio Damasio, auteur de l'Erreur de Descartes, a défendu Spinoza face à Descartes concernant le problème corps-esprit ;

Robert Cloninger, pour qui une grande part de notre personnalité est due à nos gènes ; Jerome Kagan, Mary Rothbart, Walter Mischel et Robert Rosenthal parlent également du tempérament.

David Hubel, Michel Jouvet, Marc Jeannerod, Gerard Edelman et Michael Gazzaniga pour la biologie de l'esprit.

John Searle, à l'origine de l'expérience de pensée de la "chambre chinoise". Une de ses conséquences est que le traitement de symboles n'implique pas forcément la compréhension de leur contenu lui-même. Il s'agit d'une critique du "computationalisme" en sciences cognitives (l'idée que le cerveau/esprit est un ordinateur). Si vous cherchez une critique intéressante et pertinente de certains aspects extrêmes du cognitivisme, tournez-vous vers lui plutôt que vers les psychanalystes.

Daniel Denett, un des quatre grands "nouveaux athées" avec Dawkins, Hitchens et Harris, figure importante du cognitivisme moderne.

Paul Watzlavick, pionnier de la thérapie systémique, d'origine autrichienne.

Albert Ellis, pionner des TCC (thérapies cognitivo-comportementales) avec Aaron Beck.

Jeffrey Young, la thérapie des schémas.

Albert Bandura, la théorie sociale cognitive.

Martin Seligman, la psychologie positive.

David Barlow sur l'anxiété.

Steven Hayes, la thérapie de l'acceptation et de l'engagement.


Il y a aussi plusieurs autres "psys" qui auraient pu être interrogés, mais bon, le livre est déjà assez gros comme ça !


En résumé, il s'agit d'un ouvrage intéressant voire passionnant, assez accessible, et qui entre parfaitement dans la thématique de ce blog. Si vous le trouvez et que vous vous intéressez à la psychologie, n'hésitez pas : prenez-le ! Malgré sa taille relative, il n'est pas très cher.

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(1) J'avoue ne pas trop aimer le courant de la psychologie évolutionniste, sinon. J'écrirai peut-être un article dessus, pour détailler pourquoi.



Le Livre Noir de la Psychanalyse - ouvrage collectif



Le Livre Noir de la Psychanalyse est un ouvrage collectif, publié initialement en 2005 (mon édition est celle de 2010 ; une édition de poche est sortie depuis) aux éditions les Arènes, sous la direction de Catherine Meyer. Il s'agit d'un condensé de nombreux points de vues critiques envers la psychanalyse - très souvent inconnus du grand public français - mais également l'histoire de cette discipline et ses plus importants promoteurs historiques.

On y retrouve des noms connus, tels que Jacques Van Rillaer, Jean Cottraux ou encore Mikkel Borch-Jacobsen.


L'ouvrage est divisé en quatre grandes parties (cinq dans la version d'origine) :

la première s'intitule La face cachée de la psychanalyse, et décortique ses mythes et légendes, donne quelques exemples de fausses guérisons, de fabrications de données et de faiblesses sur le plan éthique.

la deuxième a pour titre Pourquoi la psychanalyse a-t-elle eu un tel succès ? et fait un très bref historique de l'expansion de la psychanalyse en France et dans le monde.

la troisième s'intitule La psychanalyse face à ses impasses et critique les idées reçues au sujet du statut scientifique ou thérapeutique de la psychanalyse et montre comment cette discipline a esquivé les critiques qui lui étaient adressées. La dernière sous-partie démonte une longue liste d'arguments couramment utilisés par les psychanalystes pour défendre leur pratique.

la quatrième, enfin, a pour titre Les victimes de la psychanalyse et montre que de ce côté, tout n'est pas rose pour la discipline, loin de là. Sont abordés le cas des enfants autistes, des toxicomanes et des parents.


A vrai dire, c'est LE livre qui m'a fait changer d'opinion à propos de la psychanalyse. Auparavant, je pensais que la psychanalyse était une discipline rigoureuse, qui avait produit beaucoup de savoir utile, et minimisais les critiques de Popper (que je connaissais), me disant naïvement que la question avait été résolue depuis. C'est à cette époque la publication d'un nouveau livre critique de Freud, écrit par Michel Onfray, et ma proximité croissante vis-à-vis des milieux rationalistes et sceptiques - critiques vis-à-vis de la psychanalyse, même lorsqu'ils sont progressistes, ce qui est le plus souvent le cas - qui m'ont poussé à lire ce livre pour en connaître l'argumentation. Au final, ce fut plutôt convaincant. *

Depuis 2005, le livre a aussi, évidemment, été beaucoup critiqué, notamment par la psychanalyste et historienne Elisabeth Roudinesco et d'autres psychanalystes. Sa sortie a déclenché une forte controverse et une réaction virulente dans ce milieu, où l'on a accusé les auteurs d'avoir écrit ce livre dans le but de promouvoir les TCC, voire des idées plus ou moins droitières ; ce dernier point est archi-faux et le premier relève, au mieux, d'un procès d'intention, puisque tous les auteurs du livre ne sont pas apparentés à ce courant, loin de là. Généralement, ces psychanalystes ont préféré user de sophismes et d'accusations injustifiées plutôt que de critiquer le fond en détaillant et explicitant leur point de vue.

A cette époque, Le Nouvel Observateur, magazine auparavant très favorable à la psychanalyse, a, malgré les menaces de "terrorisme intellectuel en peau de lapin" (expression de Laurent Joffrin), consacré un dossier entier intitulé "Faut-il en finir avec la psychanalyse ?" au moment-même de la sortie de l'ouvrage. Roudinesco a refusé de participer au débat qui lui avait été proposé.

Les tentatives de certains psychanalystes de décourager les chroniques du livre dans les média ont, en fin de compte, eu un effet comparable à l'effet Streisand, c'est-à-dire qu'elles ont finalement surtout eu pour résultat d'en augmenter la notoriété.

En résumé, le livre n'est pas parfait, puisqu'il est "à charge", et certains pourront le trouver assez peu nuancé ou peu objectif. Puisqu'il s'adresse au grand public, il n'est pas non plus impossible de rester sur sa faim après l'avoir lu ou de le trouver inutilement expéditif voire péremptoire, dans ce cas il faudrait compléter par une lecture plus "technique" (les liens sceptiques que j'ai présentés précédemment en indiquent plusieurs dans leur partie "bibliothèque" - ou équivalent).

Mais il mérite néanmoins d'être lu, ne serait-ce que pour ses anecdotes et arguments intéressants, si vous n'y connaissez pas grand chose.

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* Pour info, je le jour où j'ai acheté Le Livre Noir de la Psychanalyse, pour "équilibrer" j'ai également acheté L'interprétation des rêves de Sigmund Freud. Je me suis rendu compte que le Livre Noir disait vrai à ce sujet : il ne s'agit en effet absolument pas d'un ouvrage rigoureux ; en fait, lorsque Freud émet une hypothèse (par exemple, celle selon laquelle le rêve est toujours la réalisation d'un souhait), au lieu de chercher des contre-exemples qui pourraient réfuter sa théorie, il rajoute des hypothèses ad hoc qui rendent son hypothèse de départ irréfutable (au sens de Popper). Le reste de l'ouvrage est plus ou moins du même tonneau, et on se retrouve à l'arrivée avec une théorie beaucoup plus métaphysique que scientifique.