11/10/2015

Les Ames Douces - Christian Combaz - 2015


Les Ames Douces est un livre écrit par Christian Combaz, un écrivain français, et sorti en 2015 aux Editions Télémaque. Il traite principalement des possibles origines biologiques de l'homosexualité à travers une série d'exemples et de portraits, dans la continuité des travaux scientifiques présentés par le professeur belge Jacques Balthazart dans son ouvrage Biologie de l'homosexualité en 2010.

Je tiens à prévenir mes lecteurs : si vous êtes plutôt du genre "constructiviste", vous risquez fort de vous étrangler à la lecture de ce livre. Malgré ses conclusions qui viennent le plus souvent en appui des revendications LGBT, il se situe à fond dans ce courant "biologisant" et l'auteur tape d'ailleurs à plusieurs reprises sur la "théorie du genre". Et c'est aggravé par le fait que Christian Combaz ait un profil assez particulier, en tant qu'éditorialiste au Figaro et (petit ?) ami de Renaud Camus ; ce qui suggère fortement qu'en France, hélas, pour parler de biologie de l'homosexualité, il faille politiquement pencher à droite (même quand on est soi-même (pro-)LGBT !). Même le titre et la présentation du livre en quatrième de couv' semblent indiquer que l'on n'échappera malheureusement pas à certains clichés répandus sur les homosexuels, tels que leur supposée "douceur" (ce à quoi je répondrai qu'un autre stéréotype qui leur est associé est celui du cuir-moustache et des pratiques BDSM).
De plus, la navigation n'est pas toujours facile à cause de l'absence de sommaire, ce qui peut se révéler être un mauvais point si on veut citer certains passages.

Bref, passons au contenu : je vais ici parler plutôt de la première partie, car la seconde a davantage d'intérêt d'un point de vue historique.

Le premier thème abordé dans le livre est celui de l'évolution, et en particulier de l'infléchissement, de la position de l'Eglise catholique à l'égard de l'homosexualité, que l'auteur attribue à une meilleure prise en compte de la réalité biologique du phénomène parmi les hauts-placés de l'institution. Ce qui illustre le fait qu'en général, les positions à l'égard de l'homosexualité s'adoucissent lorsqu'on admet que celle-ci puisse avoir une base biologique.

L'auteur traite ensuite de la biologie de l'homosexualité proprement dite, en s'appuyant sur Jacques Balthazart et d'autres auteurs (pour évaluer le sérieux de certaines affirmations, il faut donc se pencher sur l'abondante bibliographie de Balthazart). Le livre comporte aussi des passages que ne devrait renier aucun critique de Freud et de la psychanalyse, en particulier lors du chapitre 7. Y passe aussi la comparaison avec le fait d'être gaucher, le syndrome d'Asperger - une des raisons qui a motivé ma curiosité - la tristement célèbre affaire Reimer, mais aussi les croisements des mains (en ce qui me concerne, je mets toujours l'index droit au-dessus de l'index gauche, comme les trois-quarts des hommes paraît-il) et la longueur des doigts (en ce qui me concerne, c'est un peu bizarre, parce que, vu de dos, mon annulaire est plus long que mon index, configuration "masculine", mais, vu de face, c'est l'inverse qui est vrai, configuration "féminine" semble-t-il) et autres corrélations qui semblent un peu sorties du chapeau, faute de détailler davantage, autrement qu'en renvoyant indirectement à la bibliographie de Jacques Balthazart.



En résumé, un livre inégal, car, bien qu'il constitue un véritable pavé dans la mare pour le monde français, alors qu'en France les discussions sur le sujet restent malheureusement trop balisées, il est encore trop bourré de clichés et autres idées insuffisamment étayés, même s'ils vont parfois à l'encontre de certains stéréotypes (par exemple, en évoquant la fascination de certains LGBT pour des idées de droite, voire d'extrême-droite). Mais, pour tout dire, je dois avouer que je ne l'ai pas encore lu en entier. Je suis donc prêt à revoir mon opinion, à la suite d'une seconde lecture plus attentive.