25/11/2014

Lettre ouverte à M. Fasquelle

Monsieur le Député,

Je viens faire part de mon indignation suite à votre proposition récente liée à la modification de la loi Taubira.
Avant toute chose, je tiens à préciser que j'ai une profonde sympathie pour votre engagement en faveur des droits des enfants handicapés en France ; cependant, nous sommes diamétralement opposés sur d'autres sujets, et ce sera l'objet de ce texte.


En effet, une cause juste ne donne pas un blanc-seing à tous ceux qui la défendent. Car une personne qui a raison sur un sujet donné peut commettre une erreur grossière sur un autre. Cela vaut pour tout le monde.


En l'occurrence, je suis profondément étonné qu'en parlant d' "enfants prisonniers", vous ayez employé exactement les mêmes termes que Bruno Bettelheim au sujet de l'autisme ! Je suppose que vous avez dû vous en rendre compte vous-même, d'ailleurs, puisque vous vous êtes excusé sur votre blog.


Ce n'est pas tout. Plusieurs études, menées dans d'autres pays, le montrent : l'ouverture de l'adoption aux couples de même sexe est une excellente chose pour les enfants handicapés. Les couples de même sexe sont en effet particulièrement motivés et sont prêts à adopter des enfants "difficiles" qui n'auraient peut-être "trouvé preneur" autrement.


Je suis rassuré de lire sur votre blog que les enfants adoptés par des couples de même sexe ne seraient les seuls concernés par cette proposition. Mais que se passera-t-il concrètement si le(s) parent(s) biologique(s) refuse le rétablissement de la filiation, ce qui semble le cas le plus probable ? Et pour les cas restants, est-ce que ces situations ne pourraient pas se résoudre par une procédure d'adoption de majeur ?


Sur le sujet, pourquoi ne pas s'inspirer des propositions déjà présentes dans le rapport Théry du début de l'année, balayé d'un revers de main par la droite au nom de l'opposition à la PMA et à la GPA ? Celui-ci préconisait pourtant déjà, en cas d'adoption plénière, de ne garder que l'acte de naissance originel, de maintenir la possibilité d'un lien de filiation avec le père biologique, et de limiter l'adoption plénière aux situations où elle s'avère nécessaire. Ce sont des solutions raisonnables aux quelques aspects "bancals" du texte actuel et exprimées de façon plus adroites.


Veuillez agréer, s'il vous plaît, l'expression de mes sentiments respectueux.

Antoine Rozier