02/02/2023

Donor Conceived Guide, COLAGE, 2022


Le Donor Conceived Guide est un guide en anglais disponible gratuitement sur le site de COLAGE, une association américaine qui rassemble des personnes élevées par des parents LGBTQ+ et qui défend leurs intérêts. Ce guide est à destination des personnes conçues par don (ou par GPA) étant ou ayant été élevées par des parents LGBTQ+.

Il s'agit d'une mise à jour d'un précédent guide du même genre qui datait de 2010, et qui était devenu obsolète pour diverses raisons.

Passée l'introduction qui précise à qui s'adresse ce guide et qui clarifie certains éléments de terminologie, les autres chapitres abordent respectivement la situation des enfants avec donneurs connus, (semi-)anonymes, nés par GPA, puis le fait de parler de sa famille à d'autres personnes, puis deux derniers chapitres portant sur des ressources additionnelles.

Ce que je trouve particulièrement intéressant, dans ce guide, c'est qu'il s'adresse spécifiquement aux personnes conçues par don issues de familles homoparentales, et pas aux personnes conçues par don en général. En effet, on s'aperçoit que les premiers ont souvent une perspective différente de celle des personnes élevées par un père et une mère.

Je pense que si vous êtes LGBTQ+ et que vous voulez avoir des enfants, c'est un guide à lire absolument, pour comprendre leur perspective. Peut-être que vous ne vous reconnaissez pas dans les témoignages des personnes conçues par don issues de familles hétéroparentales. C'est normal. C'est pourquoi cette publication, entre autres, vient remettre les points sur les i.

Entre autres, on y découvre - mais vu les études sur le sujet, ce n'était un mystère pour personne - qu'il y a des personnes conçues par don élevées par des parents LGBT qui recherchent leur géniteur ; il est donc loin d'être automatique que celles-ci « le vivent bien ».

Néanmoins, il existe des différences notables avec la façon dont les « enfants PMA d'hétéros » abordent la question. Notamment, les « enfants PMA d'homos » se montrent plus sensibles à l'homophobie systémique, et cela influence leur façon d'envisager le contact avec leur donneur.

Vous avez peur que vos enfants considèrent leur donneur comme un parent ? Qu'ils soient déçu par le fait d'avoir des parents LGBT, et que le donneur lui permette d'avoir une famille « normale », hétéro ? Que le donneur soit homophobe ? Ne vous inquiétez pas : si jamais vous avez des appréhensions, vos enfants le sauront. La meilleure solution, c'est d'abord d'en parler avec eux, au lieu de croire que l'anonymat résoudrait d'un coup tous les problèmes. Je le répète : vos enfants n'ont aucune obligation de vous protéger, et s'ils veulent contacter leurs donneurs, c'est leur décision, et vous ne pourrez rien y faire (et oui, la liberté de disposer de son corps, ça marche dans les deux sens).

L'appréhension quant au fait que le donneur puisse être homophobe est quelque chose que j'avais déjà vu auparavant, sur les réseaux sociaux, mais c'est quelque chose auquel je ne prêtais guère d'attention jusque là, notamment parce qu'en contexte français avec justement la levée de l'anonymat et la dernière loi bioéthique plus généralement, je me disais (peut-être naïvement) qu'il fallait être masochiste pour être homophobe et permettre à des couples de femmes d'avoir des enfants, en sachant que ceux-ci pourraient nous contacter plus tard.

Si ce guide montre quelque chose, c'est qu'il s'agit en réalité d'une inquiétude exprimée non seulement par les parents, mais aussi par les enfants eux-mêmes.

Mais je pense avant tout que le vrai problème avec les éventuels donneurs homophobes, ce n'est pas tant la levée de l'anonymat en tant que telle que l'homophobie en elle-même ! Peut-être que s'il y avait moins d'homophobie, les « enfants PMA d'homos » auraient moins d'appréhensions à vouloir contacter leur donneur.

C'est ce qui me fait dire qu'un anti-anonymiste cohérent se doit de lutter contre l'homophobie et la bionormativité, y compris systémique. De façon générale, les personnes conçues par don, dans leur ensemble, ne devraient pas avoir à payer pour les conséquences de l'homophobie et de la bionormativité.

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