26/06/2022

Le jour où j'ai découvert que j'étais pro-choix (partie 1)

En fait, je l'étais déjà, bien sûr, mais je n'étais pas particulièrement militant à ce sujet. Comme vous tous j'espère, j'ai été profondément choqué de la décision de la cour suprême américaine de dé-constitutionnalisation du droit à l'avortement, ouvrant la voie à l'interdiction de celui-ci par les états membres. Cela m'a rendu triste, alors même que je ne serai jamais vraiment directement touché ni impacté par cette décision.

Peut-être les juges avaient-ils raison, sur un plan strictement constitutionnel ou légal. Je n'en sais rien, je ne suis pas juriste. Ce que je sais, en revanche, c'est que cette décision aura des conséquences désastreuses, voire effroyables, pour des millions de femmes à travers le pays. C'est ce droit que la cour suprême vient de balayer d'un revers de la main, avec une si froide et impardonnable désinvolture.

Roe v Wade était une décision révolutionnaire, outrageusement en avance sur son temps, peut-être trop, même. Elle est en effet plus libérale que la plupart des législations européennes (mais j'aurai l'occasion d'en reparler). Cette décision ne pouvait qu'entrer en conflit avec la religiosité profonde d'une grande partie du pays, et attiser la rancœur de toute une partie de la population, qui y a vu la main du diable et le pouvoir des élites. 

Cette décision a engendré, à terme, un puissant ressentiment dans une toute une catégorie de la population, qui s'est sentie dépossédé du pouvoir. Certes, ces personnes ne représentent pas la majorité de la population américaine, mais ils forment un lobby extrêmement puissant, doté d'une détermination et d'un acharnement quasi-monomaniaques.

Quoi qu'ils en disent par ailleurs, ce n'est certainement pas pour des raisons humanistes qu'ils veulent interdire l'avortement (sinon, il n'auraient pas soutenu pendant quatre ans un président ouvertement fasciste, et incapable de dissimuler qu'il souhaitait interdire l'avortement pour des raisons purement et bassement misogynes) et bien davantage par dogmatisme religieux.

Certains états américains du Sud et du Centre du pays ont d'ailleurs d'ores et déjà mis en place des interdictions moyenâgeuses, plus restrictives que dans la plupart des pays du tiers-monde (non, je n'exagère même pas !)

On ne réalise pas la chance que l'on a, en France, de vivre dans un pays où l'avortement est légal à la demande jusqu'aux 14 semaines de grossesse, où la majorité de la population est favorable à la constitutionnalisation de ce droit et où l'on n'habite qu'à quelques centaines de kilomètres de pays aux délais plus généreux que le nôtre.


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