26/09/2017

L'éducation selon Emile Durkheim (repost)

Emile Durkheim est un sociologue français, considéré comme le père de la sociologie. L'ouvrage Education et sociologie, d'où est tiré sa définition de l'éducation, est un recueil de textes constitué à partir des notes de ses étudiants.

Dans le premier chapitre, Durkheim critique les définitions apportées par ses prédécesseurs, notamment Kant et Mill, qui d'après lui ne s'intéressent à l'éducation que du point de vue du perfectionnement humain ou comme condition du bonheur individuel. Selon lui, ces définitions ont pour objet un caractère abstrait, supposément idéal, parfait et universel de l'éducation et échouent à tenir compte du fait que l'éducation varie selon les époques, les endroits et les cultures.

Pour lui, l'éducation est un fait social, c'est-à-dire une manière de penser et d'agir extérieure à l'individu et qui s'impose à lui. « l’éducation est l’action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas 
encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de développer chez l’enfant un certain nombre d’états physiques, intellectuels et moraux que réclament de lui et la société politique dans son ensemble et le milieu spécial auquel il est particulièrement destiné », nous-dit il.

Pour démontrer son point de vue, il écrit précédemment : "Mais, en fait, chaque société, considérée à un moment déterminé de son développement, a un système d'éducation qui s'impose aux individus avec une force généralement irrésistible. Il est vain de croire que nous pouvons élever nos enfants comme nous voulons. Il y a des coutumes auxquelles nous sommes tenus de nous conformer ; si nous y dérogeons trop gravement, elles se vengent sur nos enfants. Ceux-ci, une fois adultes, ne se trouvent pas en état de vivre au milieu de leurs contemporains, avec lesquels ils ne sont pas en harmonie. Qu'ils aient été élevés d'après des idées ou trop archaïques ou trop prématurées, il n'importe ; dans un cas comme dans 1'autre, ils ne sont pas de leur temps et, par conséquent, ils ne sont pas dans des conditions de vie normale. Il y a donc, à chaque moment du temps, un type régulateur d'éducation dont nous ne pouvons pas nous écarter sans nous heurter à de vives résistances qui contiennent les velléités de dissidences."

C'est un passage qui pourrait, à mon sens, être analysé de façon complexe. Ici, il parle des enfants ayant été élevés de façon "atypique" pour leur époque, par exemple, dans le contexte actuel, des enfants élevés dans des sectes ou des communautés "utopistes". C'est effectivement une question préoccupante. Mais on pourrait aussi l'utiliser pour critiquer la façon dont la société dans son ensemble considère les enfants différents, ainsi que les éducations qu'on leur propose et qui sortent des normes actuelles ; avec un paradoxe toutefois : ces enfants seront le plus souvent encore moins adaptés à la vie parmi leurs contemporains s'ils passent par l' "éducation" la plus souvent proposée et approuvée par l'Etat !




De plus, toujours d'après Durkheim, d'une certaine façon, deux êtres "coexistent" en chaque personne : l'un individuel, amoral et asocial, dû à notre nature, l'autre social et engendré par l'éducation.

Il nous dit ainsi : "Il faut que, par les voies les plus rapides, à l'être égoïste et asocial qui vient de naître, [l'éducation] en surajoute un autre, capable de mener une vie morale et sociale. Voilà quelle est l'oeuvre de l'éducation, et l'on en aperçoit toute la grandeur. Elle ne se borne pas à développer l'organisme individuel dans le sens marqué par sa nature, à rendre apparentes des puissances cachées qui ne demandaient qu'à se révéler. Elle crée dans l'homme un être nouveau."

Il aborde également la problématique de la différenciation sociale : l'éducation varie selon les milieux sociaux et ce qu'on attend de leurs enfants.

On pourrait toutefois reprocher à Durkheim l'importance qu'il semble accorder à la société, au point de presque la considérer comme un Dieu. La problématique des enfants perçus comme "différents" par la société est bien entendu étrangère à Durkheim, à son époque. Mais il introduit aussi une réflexion importante et intéressante ayant pour traits les normes sociales et l'anomie (l'absence de normes permettant de structurer la société).


2 commentaires:

  1. comment faire pour citer cet article dans mon rapport de recherche ?
    merci
    Elie KEDJO
    elkedj@gmail.com

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