09/07/2013

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Introduction aux études sur le genre - Chapitre 1 - Sexe et Genre

Après l'introduction, nous embrayons enfin sur le premier chapitre, intitulé Sexe et Genre.

Celui-ci aborde, tout d'abord - cela peut sembler évident - , la question de la construction du concept de genre, c'est-à-dire du genre comme sexe social, puis du genre comme rapport social et diviseur.

Le genre comme sexe social consiste, grossièrement, à voir le genre comme le sexe perçu et attribué comme tel par la société.

Le genre comme rapport social et diviseur voit le genre comme étant, plus ou moins, un synonyme de patriarcat. A ce sujet, je comprends le concept de patriarcat qui est exposé dans ce chapitre (il est entendu ici comme domination du père sur les membres de la famille, ce qui est un peu spécial, et différent de ce à quoi je pensais, c'est-à-dire simplement la domination statistique des hommes sur les femmes pour les positions de pouvoir), et je ne le vois évidemment pas comme une chose positive, mais est-il vraiment possible de l'abolir en tous lieux sans une forme d'immixtion totalitaire ?
La question n'est pas anodine, car elle a déjà des antécédents avec la vision du capitalisme selon Marx (et l'on sait les parallèles qui ont été faits entre le féminisme matérialiste et la théorie marxiste), ou encore les imprécations de George Orwell, dans des livres tels que Animal Farm ou 1984 (l'importance donnée au rôle du langage dans les théories féministes a donné lieu à des accusations de novlangue, d'ailleurs). On a d'ailleurs parlé au sujet du système soviétique, de capitalisme d'Etat ; cela montre que certaines théories féministes correspondent un peu à la caricature qu'on s'en fait parfois, notamment l'accusation de misandrie...

La deuxième partie évoque la question du sexe d'un point de vue biologique, et montre que les choses sont loin d'être claires, notamment à cause de l'existence d'intersexes.

Sans trop en révéler, le passage sur les intersexes est très parlant. La situation des intersexes est effectivement terrible, dans de nombreux cas (et ce, pour les mêmes raisons que l'affaire Reimer me choque). Je ne savais pas qu'en la matière, les décisions chirurgicales fonctionnaient autant au cas par cas, suivant des critères aussi arbitraires. Dans un monde bien organisé, les intersexes ne devraient pas connaître d'opérations de "réassignation". Mais la société dans son ensemble ne leur a prévu de place et n'est pas capable de les penser. L'idéal serait que les parents élèvent leurs enfants intersexes comme ils l'entendent, quitte à ce que plus tard, ceux-ci puissent changer de genre à l'âge adulte et que ce choix soit respecté, mais en limitant au maximum la nécessité d'opérations.

Concernant les critiques plus générales concernant la notion de sexe biologique, je pense que le caractère plus ou moins arbitraire des catégories et classifications biologiques est un fait qui n'est remis en cause par personne, en tout cas chez les biologistes compétents ; doit-on arrêter de faire de la taxonomie sous prétexte que les frontières entre espèces peuvent être floues, par exemple que les lions et les tigresses peuvent concevoir ensemble de grands ligres ? Le sexe n'est qu'un outil conceptuel, fondé sur une combinaison de facteurs chromosomiques, génétiques et phénotypiques, avec par exemple l'espèce ou d'autres conditions (stérilité, etc...) pour penser la reproduction biologique.
Oui, les catégories peuvent être arbitraires, mais sans elles, on ne peut pas établir scientifiquement de caractéristiques propres, en moyenne, à un groupe, et cela constitue un frein à la connaissance. Par exemple, ce sont les femmes qui peuvent être enceintes et ont des seins pour allaiter leurs enfants. On est d'accord, c'est sans doute à cause de ce fait que les générations précédentes en ont déduit, à tort ou à raison, qu'elles étaient, dans l'absolu, plus aptes à s'occuper des enfants, passés leurs premiers mois...

Quand à l'idée que le genre précéderait le sexe, elle pose problème, pour les raisons évoquées précédemment, mais aussi quand on a gardé comme moi une vision assez bottom-up et quasi-positiviste de la science, dans laquelle la physique détermine la chimie qui détermine la biologie, qui détermine au moins des aspects minimaux de la psychologie, etc... Autre question : si le genre précède le sexe, alors d'où vient le genre ? Le livre n'est guère explicite à ce sujet. Au contraire, si l'on part de l'idée qu'il faille d'abord remarquer des différences avant de construire des catégories autour et de leur accorder un traitement différent, alors le réel (qui est un continuum) précède le sexe, qui précède le genre. A moins que j'aie mal compris ce dont il s'agissait.

La prochaine partie parle de "défaire le genre". Reviennent alors mes critiques sur le concept de patriarcat et son usage par certain-e-s féministes.

A ce sujet, le "lesbianisme radical" à la Monique Wittig serait considéré aujourd'hui comme une caricature de féminisme, et ferait mieux de rester dans les poubelles de l'histoire du féminisme et du mouvement LGBT. Rassurez-vous toutefois, c'était déjà au moins partiellement souligné même à l'époque, comme le précise l'ouvrage juste après.

Concernant la question des transsexuels, le livre a raison de souligner que certaines théories féministes "radicales", principalement essentialistes, à cause d'un attachement à une conception sacrée de la féminité et, il faut le dire, une certaine misandrie à peine dissimulée, ont pu déboucher sur une véritable légitimation de la transphobie, qui a encore bel et bien encore lieu dans certains milieux.

De mon point de vue, d'une autre façon, la question des transsexuels peut aussi être perçue (paradoxalement, à première vue) comme une réfutation de la "feuille blanche" : on peut en effet les voir comme des personnes avec le corps appartenant à un sexe donné mais dont l' "esprit" s'identifie à l'autre sexe, et il semblerait que ce soit surtout pour des raisons biologiques. C'est une façon assez simple, peut-être simpliste certes, de concevoir la question des transsexuels ; mais les études de genre, pour sauver l'idée du constructivisme social, vont opter pour une approche beaucoup plus alambiquée, que je ne détaillerai pas ici.

Le dernier passage du chapitre évoque la théorie queer. La présentation qui en est faite, assez neutre en fait, ne m'a pas vraiment aidé à voir d'un jour positif cette discipline, dont les influences sont très clairement et nettement post-modernes (ce qui n'est jamais bon signe, selon moi). Elle donne vraiment l'impression d'être élitiste, engluée dans ses contradictions, déconnectée de la réalité (parfois dangereusement ; elle sert parfois d'épouvantail utile, voire idéal, pour une partie de la droite conservatrice, et pour de bonnes raisons) et de ses modes de raisonnements les plus courants. J'ai cru comprendre qu'elle était considérée par de nombreux LGBT eux-mêmes comme une nouvelle forme de dépravation de diptères.

Un autre point que je trouve gênant est le fait, systématique, de penser l'homosexualité comme un "choix d'objet" (terme d'origine psychanalytique ; certes, ce n'est pas un "choix" au sens de libre arbitre, mais ça peut prêter à confusion...), sans jamais considérer de facteurs biologiques possibles, mais bon ce n'est guère étonnant lorsqu'on se place dans une optique de constructivisme social.

En résumé, on a là un chapitre très intéressant, une belle entrée en matière, qui aborde à lui seul de nombreuses thématiques liées au genre et peut aussi considérablement stimuler la réflexion.



02/07/2013

L'affaire David Reimer

Avant un nouvel article sur les principales idées du chapitre I de Introduction aux études sur le genre, j'aimerais revenir avec vous sur l'idée que les différences femmes/hommes seraient purement une construction sociale, la fameuse "feuille blanche", évoquée précédemment ; selon moi, cette idée est fausse, et a même été réfutée à plusieurs reprises. Un exemple particulièrement tragique et sinistre vient en tête.

Le 22 Août 1965, le petit Bruce Reimer naît à Winnipeg, au Canada, avec un frère jumeau, Brian Reimer. A l'âge de 6 mois, ils sont tous deux diagnostiqués d'un phimosis, et devront donc être circoncis deux mois plus tard. Alors que Brian échappera finalement à son opération, celle du petit Bruce ne se passera pas comme prévu et il aura malheureusement le pénis brûlé lors de celle-ci.

Ses parents sont évidemment paniqués et se tournent vers le psychologue John Money, un pionnier dans le champ du développement sexuel et du concept de "genre" (au sens des études de genre), célèbre pour ses travaux sur les intersexes. Il pense aussi que l'identité de genre est uniquement le résultat d'un apprentissage social durant la petite enfance et peut facilement être modifiée.

A 22 mois, le petit Bruce reçoit une opération de changement de sexe et est rebaptisé Brenda au terme de celle-ci. Elle sera désormais élevée comme une fille, et cette opération lui sera cachée aussi longtemps que possible. Quant à John Money, il tient là une occasion idéale pour tester sa théorie, puisque le jumeau de Bruce/Brenda, Brian, est resté un petit garçon. Sans rentrer dans les détails, la déontologie de John Money était parfois franchement douteuse, à la limite du savant fou. Mais il était satisfait du développement de Brenda et y voyait un exemple d'expérience réussie, confirmant ses théories.

Mais ce n'était pas l'avis de Brenda, qui voyait ces visites comme traumatiques plutôt que thérapeutiques. La famille n'a jamais accepté de donner à Brenda un véritable vagin, et jusqu'à son adolescence, celle-ci urinait donc de façon très spéciale. C'est vers la même époque qu'on commença à lui donner des œstrogènes pour développer sa poitrine. Le contact avec la famille Reimer ayant été rompu, John Money cessa de publier quoi que ce soit sur le cas Bruce/Brenda, comme pour dissimuler son échec.

Car en effet, Brenda ne s'est jamais identifiée à une fille. Elle fut rejetée par ses pairs à cause de son apparence et de son comportement. Son attitude a toujours été typiquement masculine, et ni les robes à frou-frou imposées, ni les hormones féminines ne l'ont jamais fait se sentir fille. A 13 ans, Brenda souffrait de dépression et dit à ses parents qu'elle se suiciderait si elle devait revoir John Money. En 1980, on lui dit enfin la vérité sur son changement de sexe, et a 14 ans elle prit une identité masculine, celle de David Reimer. A partir de 1997, David entreprit des démarches coûteuses pour retrouver son sexe d'origine, et c'est justement à la même époque qu'il se confia à Milton Diamond dans l'espoir de dissuader les médecins et chirurgiens de répéter les mêmes erreurs avec d'autres enfants. Son histoire commença à être connue du grand public grâce au livre de John Colapinto qui la relate, As Nature Made Him: The Boy Who Was Raised as a Girl.

Malheureusement, David Reimer se suicida à l'âge de 38 ans, non seulement à cause de son passé mais aussi à cause de la mort de son frère schizophrène des suites d'une overdose en 2002, et aussi pour d'autres raisons. Mais il fut loin d'être le seul à avoir dû affronter le même genre de troubles au cours de sa vie.

Même si c'est un exemple un peu extrême et peut-être caricatural, il faut reconnaître qu'on a décidément là affaire à une face plus sombre des conséquences du constructivisme social. Notez que cette affaire sera référencée par Judith Butler dans son livre Défaire le Genre de 2004. On sent déjà le truc alambiqué...

Addendum (septembre 2022) : avec le recul, et notamment après avoir lu le passage en question, j'y vois plutôt une façon pour Judith Butler de se défendre contre les mauvaises interprétations de ses travaux. Butler ne prétend que la biologie n'a aucune importance ; la question ne l'intéresse pas, et elle se situe à un tout autre niveau.

Disclaimer : Après un rapide tour sur le Net, je me suis rendu compte que cette histoire, bien qu'authentique, était souvent reprise sur des sites de droite et d'extrême-droite pour critiquer la "théorie du genre" et ses soi-disant dangers, en faisant souvent de l'ad hominem sur les tendances pro-pédophiles (avérées, certes) de John Money. Mais de même, des critiques bêtes et méchantes de la psychanalyse apparaissent souvent sur des sites douteux, est-ce une raison pour arrêter de la critiquer ? Si la gauche ne se donne pas la peine de penser ce genre de problème, elle laisse la porte ouverte à la droite et à l'extrême-droite et nous y perdrons tous. En ce qui concerne le cas David Reimer par exemple, celui-ci a aussi été avancé pour dénoncer les opérations chirurgicales chez les intersexes (que j'aborderai dans un prochain article). En tout cas, se servir de l'affaire Reimer pour promouvoir la misogynie, l'homophobie ou la transphobie est clairement un non-sens, voire un contre-sens.


Introduction aux études sur le genre - présentation et remarques générales



Introduction aux études sur le genre est un ouvrage collectif, de Laure Bereni, Sébastien Chauvin, Alexandre Jaunait et Anne Revillard, publié aux éditions De Boeck.

Le livre s'attache à présenter les études sur le genre, les principales idées et théories qui leur sont liées ainsi que le cadre conceptuel qui leur est associé.

Il est divisé en six chapitres :

- le premier, Sexe et genre, définit le sexe, traite du féminisme radical et de la question trans ;

- le deuxième, Genre, sexualité et vie conjugale, traite de la sexualité et de la perception sociale de celle-ci ;

- le troisième, Genre et socialisation, traite de la socialisation des enfants et de la construction sociale du genre au cours du temps ;

- le quatrième, Genre et travail, traite de la répartition des tâches, des inégalités salariales et d'accès à l'emploi ;

- le cinquième, Genre et politique, traite de l'histoire des revendications des femmes en politique et des inégalités d'accès aux fonctions politiques ;

- enfin le sixième, Intersections, traite du concept d' "intersectionnalité" ; l'idée que les différentes formes de discrimination - de genre, de classe, de race - se combinent, s'interpénètrent et sont comparables à de nombreux égards.


Après cette brève présentation, il est temps de poser la question : mais au fond, qu'est-ce que le genre ? Revenons un peu sur l'intro (de l'intro !) pour avoir des éléments de réponse. On découvre que quatre piliers définissent le genre :

- les différences systématiques entre hommes et femmes sont une construction sociale ;
- le genre est relationnel ; il existe une forme d'opposition entre masculin et féminin ;
- le genre est un rapport de pouvoir, de domination, et de normes ;
- le genre doit être comparé à d'autres formes de pouvoir et de domination.

Dès le départ, ce champ est donc doté d'une portée militante et prescriptive, puisque l'intro continue ensuite sur l'émergence de ces études au sein du mouvement féministe durant les années 1970. Juste une note de terminologie, qui vaudra pour la suite : ce qui y est appelé "féminisme matérialiste" correspond en réalité à un féminisme "marxisant", qui transpose l'analyse de la lutte des classes avec les sexes (et donc pas vraiment matérialiste au sens philosophique classique, ou même usuel).

Le principal écueil de ces études, à mon sens, est donc qu'elles reposent sur ce que Steven Pinker appelle la "feuille blanche" (The Blank Slate), à savoir, l'idée selon laquelle nous ne serions tous, hommes et femmes, que des "feuilles blanches" à la naissance, et que c'est notre socialisation qui expliquerait toutes nos différences.

Cette idée pose problème, évidemment : en effet, que se passerait-il si des découvertes scientifiques réfutaient cette idée et montraient qu'il existe bel et bien, en moyenne, des différences innées de comportement entre hommes et femmes ? Dans ce cas, les études sur le genre seraient-elles condamnées à ne devenir qu'un corpus idéologique et anti-scientifique, incapable de s'adapter à la réalité ? Car la scientificité même, notamment la réfutabilité, du concept de genre, pose aussi problème, pris à l'extrême et notamment dans ses variantes post-modernes : si l'on part du principe que "le genre précède le sexe", alors toute réfutation potentielle ne peut-elle pas être interprétée comme pensée dans les catégories imposées par le genre lui-même, et donc à abandonner pour cette raison ? Et même au-delà, l'activité scientifique elle-même ne peut-elle pas être entièrement analysée sous l'angle du genre, et de lui seul, posé en vérité ultime ? C'est ce genre de dérives qui avait déjà été dénoncées par Sokal et Bricmont dans Impostures intellectuelles. Mais bon, je le reconnais, les études de genre vont rarement jusque là.

Tout ceci devient moins gênant si l'on part du principe que les études de genre ne sont que des interprétations de faits à l'aune d'une théorie, même fausse, et qu'en pratique elles cherchent surtout à tirer dans leur direction en remettant en question les discours inégalitaires et les clichés courants et injustifiés. Dans ce cas, elles ne font pas pire que tant d'autres sciences sociales - y compris l'économie - et cet effort devient même très louable, même si la prudence devrait être de rigueur.

Mais les autres dérives associées à la croyance en la "feuille blanche" sont également visibles, ici : en plus d'une certaine confusion entre le positif et le normatif qui leur est inhérente, les études de genre font une confusion entre la justice (fairness, l'idée que nous valons tous la même chose) et l' "identicité" (sameness, l'idée que nous sommes tous la même chose). De plus, elles vivent sur ce que Pinker appelle la "peur de l'inégalité" : c'est-à-dire l'idée selon laquelle si des différences innées de comportement étaient constatées chez les hommes et les femmes, cela pourrait justifier des inégalités de traitement. Ce n'est pas vrai : si l'on pose que nous faisons tous partie d'une même famille humaine au-delà de nos différences statistiques, et qu'une femme vaut autant qu'un homme, alors l'égalité des sexes doit être respectée. Le fait que la gravité existe ne doit pas empêcher d'imaginer des moyens de s'envoler.

En résumé, si vous pensez - que vous soyez ou non vous-même dans les normes de genre, par ailleurs - que les études de genre et domaines liés (queer, etc...) sont une forme de masturbation intellectuelle élitiste, alors ce livre n'est pas vraiment pour vous, car il risquerait plutôt de vous renforcer dans votre sentiment - et encore, il y a pire comme livre, dans le "genre", si j'ose dire... 

Autrement, le livre est quand même très bien fait, et il faut reconnaître qu'un effort considérable est accompli pour rendre accessibles des théories clairement alambiquées, conçues pour relier une multitude de concepts et réalités disparates. 

De plus, il est effectivement très instructif sur le plan du "diagnostic", concernant les inégalités entre les genres et entre les sexes, les biais selon lesquels elles se manifestent, et comment le genre se construit socialement, en rejetant toutes les explications simplistes et fourre-tout d'une certaine pseudo-biologie.

Si vous vous intéressez sérieusement à ce sujet, je vous le recommande donc, quelque soit votre opinion dessus par ailleurs.



La suite de cet article traitera du premier chapitre et devrait approfondir certains aspects de la critique du constructivisme social pur.

24/06/2013

Lettre ouverte de Hugo Horiot (autiste) à Pierre Delion

Hugo Horiot est un autiste de haut niveau, devenu écrivain et comédien ; il a notamment écrit le livre L'empereur, c'est moi aux éditions l'Iconoclaste, qui relate son parcours. Récemment, il a également écrit une lettre ouverte au professeur Pierre Delion (adepte du packing), en réponse à ce texte-ci ; je vous transmets ici le contenu de la lettre, car même si les plus concernés par l'autisme n'apprendront certainement pas grand chose, le contenu est fort intéressant et instructif :


Lettre ouverte au Pr Pierre DelionDu collectif du 39 de la nuit sécuritaire

Monsieur,Comment accuser les autres d’imposture quand on est soi‐même un imposteur depuis plus de trente ans ?
Comme tout imposteur, vous tenez un double discours. Vous clamez :« L’éducatif toujours ! » Vous a‐t‐on déjà vu oeuvrer, Monsieur, en faveur d’une inclusion scolaire pour tous ? Votre combat tend plutôt à garder vos « patients » dans les murs de l’obscurantisme. Obscurantisme qui rapporte gros si l’on en croit le coût d’une journée en hôpital de jour : 900€ aux frais du contribuable. Voici un gâteau qui ne se partage pas, sans doute...
Comment pouvez‐vous prétendre avoir à l’égard des autistes « tout le respect humain que l’on doit aux personnes qui souffrent psychiquement »? Les envelopper dans des linges glacés, est‐ce là la marque de votre respect, sinon de votre compassion ?Rappelons ce qu’est le « packing » que vous défendez avec tant d’ardeur : l’enfant maîtrisé par plusieurs personnes, bras plaqués au corps, est immobilisé dans des draps glacés au minimum 45 minutes. Cette camisole de glace est imposée au sujet plusieurs jours par semaine pendant plusieurs mois. A la différence des geôles de Guantánamo, on ne recouvre pas le visage. C’est politiquement plus correct.
Vous déclarez que toute opposition à vos concepts est un pur produit de « la pensée novlangue ». Non content de votre main mise sur le traitement de l’autisme, chercheriez‐vous à faire du langage le monopole de la psychanalyse ? Le langage est universel.Il n’a pas attendu l’existence de Freud ou de Lacan pour rayonner. La langue française n’a pas besoin de vous pour être célébrée, croyez moi.


La psychanalyse étant une thérapie fondée sur la communication entre le patient et son thérapeute, psychanalyser un autiste est une pure abstraction.Vous dîtes : «La souffrance ne se réduit pas à la solution d’une équation mathématique».Je vous réponds qu’elle ne se réduit pas non plus à quelques schémas psychanalytiques.Schémas qui au fil des décennies, semblent aussi immuables qu’éculés, alors que le monde évolue et que chaque être est unique.Interpréter à partir du silence d’une personne la raison de son mal : l’avenir selon vous.Une aberration selon moi.
Enfin, vous contestez les chiffres avancés par la Haute Autorité de Santé concernant l’efficacité des méthodes éducatives et comportementales qui font leurs preuves ailleurs depuis plus de quarante ans.Peut-on savoir combien de personnes sont sorties de leur enfermement autistique en passant par votre service ?La psychanalyse s’estimant au dessus de toute évaluation, nous n’en saurons rien.Donner des chiffres n’est pas une réponse de psychanalyste, n’est ce pas ?Dans ce cas, on n’a pas vocation à dépendre de l’argent public.Voici l’imposture véritable.
Salutations distinguées.
Hugo Horiot

19/06/2013

A signer absolument : pétition pour le plan autisme

Comme je l'ai déjà écrit précédemment, le plan autisme actuel est vraiment, vraiment très loin d'être parfait. Cependant, il s'agit d'un pas dans la bonne direction : pour la première fois, est affirmée explicitement la nécessité de tourner la page de la psychanalyse. Très logiquement, la publication de ce plan a provoqué la colère des psychanalystes de tout le pays, qui demandent maintenant le retrait du plan afin de pouvoir conserver leur pratique obsolète et abandonnée à peu près partout ailleurs dans le monde.

La pétition se trouve ici :

https://www.change.org/fr/p%C3%A9titions/appel-pour-d%C3%A9fendre-les-orientations-du-troisi%C3%A8me-plan-autisme

Je compte sur vous, non seulement pour que cette pétition obtienne plus de signatures que l'autre associée aux psychanalystes (qui en a déjà près de 5000 à l'heure où j'écris ces lignes), mais qu'elle en ait le plus possible. Le gouvernement ne doit surtout pas céder sur ce sujet. Merci !

Prochainement, je l'espère, un (voire deux) article(s) consacrés aux nouvelles manœuvres du Collectif des 39 et de leurs alliés, depuis le début du mois. Restez branchés !

12/05/2013

Plan autisme : les psychanalystes contre-attaquent

Comme vous le savez peut-être, le nouveau plan autisme a enfin été publié par la ministre déléguée aux personnes handicapées, Marie-Arlette Carlotti, le 2 mai dernier ; et il crée des remous, que ce soit parce qu'on le juge nettement insuffisant du point de vue des moyens accordés et de la volonté politique (pour information, on lui a seulement donné 205 millions d'euros, à comparer, par exemple, avec le budget de la garde républicaine qui est de 280 millions d'euros, ou d'un essai de missile sous-marin, qui est de 206 millions d'euros !), ou à cause de son orientation "comportementaliste" plus ou moins claire et assumée, ce qui déplaît évidemment à tous les praticiens d'orientation psychanalytique, et il y en a encore beaucoup en France.

Il y a d'abord cet article de Libération, écrit par Eric Favereau, qui a suscité cette réponse très intelligente de Franck Ramus (le "pauvre" Favereau s'est fait en effet défoncer dans les commentaires en ligne sur le site de Libé). Mon commentaire de l'époque était le suivant :

"Un enfant sur 150... de nombreuses études avancent même le nombre de 1 sur 100, voire 1 sur 88 (le plus élevé que j'ai vu était 1 sur 66). 
Autrement, j'ai quand même franchement du mal à croire qu'un personnage apparemment aussi haut placé que Bursztejn utilise, pour se justifier, la langue de bois la plus creuse et qu'il soit pris au sérieux par un journaliste comme Favereau, sans interrogation critique. Si je ne me trompe pas, Favereau est d'ailleurs celui qui a été à l'origine de la "fuite" sur les recommandations de la HAS dans un article de février 2012.Celui-ci me semble assez représentatif d'une petite partie de l' "élite" des médias français établis, arc-boutée sur ses traditions intellectuelles, son milieu social et – n'ayons pas peur des mots ! - ses préjugés, à l'encontre des idées et théories qui ne rentrent pas dans ses schémas de pensée. 
Il suffisait pourtant de s'intéresser, ne serait-ce qu'un tout petit peu, à ce qui se fait chez nos voisins, y compris les plus proches, d'aller à la rencontre des familles d'enfants autistes – et on ne peut que regretter que cela n'ait pas davantage été fait, hélas ! - pour mieux se rendre compte des difficultés que celles-ci peuvent connaître dans leur parcours, et comprendre un peu mieux pourquoi la psychanalyse et la situation actuelle ont si mauvaise presse chez la plupart d'entre eux.
Favereau n'a pas complètement tort sur un point, lorsqu'il parle de "la vacuité d’un plan fait à la va-vite (et pourtant, il a traîné !), sans cohérence et avec un financement incertain". Mais malgré ses imperfections et ses insuffisances flagrantes, ce plan me semble tout de même tendre vers une approche de l'autisme sans a priori théorique - et c'est tout à son honneur, d'ailleurs. C'est quelque chose qui mériterait d'être salué plutôt que conspué ; certes, on peut critiquer ce plan autisme, mais certainement pas au motif qu'il raviverait "une guerre entre thérapeutes" qui aurait été ravivée, de toute façon, puisqu'on semble être obligés d'en passer par là pour améliorer la situation de l'autisme en France et mieux diffuser les connaissances à ce sujet."

Il suffisait en effet d'avoir fréquenté des familles d'enfants autistes pour connaître leurs attentes en la matière et agir en conséquence, et en l'occurrence privilégier l'approche comportementaliste ; ce n'est pas une question de droite ou de gauche, et cela ne devrait pas l'être normalement, si les journalistes faisaient bien leur boulot.

Mais ce n'est que le début, hélas.

En effet, le Collectif des 39, déjà évoqué en ces lieux, en réaction à la publication de ce nouveau plan autisme, a publié sur son site une vague de nouveaux articles ; le rapprochement est pour le moins suspect.

Le premier, Déclaration de l'AFPEP-SNPP, rappelle d'un côté des évidences (sur les gènes, etc) mais on ne sait y user que de l'homme de paille face aux adversaires supposés du Collectif : ainsi, les comportementalistes nieraient l'existence de l'inconscient et la subjectivité et auraient pour but de dresser l'individu ; il montre également, dans toute sa splendeur, l'arrogance insupportable associée à ce courant, il y est en effet sous-entendu qu'il aurait un monopole sur "l'activité de penser" ! C'est un article à vrai dire assez stéréotypé pour qui est familier avec les productions habituelles du site, et qui ne vaut pas tripette, comme on dit.

Le deuxième, ma foi, énonce des préoccupations assez légitimes et ne sera donc pas décortiqué ici (bien qu'on puisse le trouver hypocrite et/ou peu cohérent avec leur pratique effective ou d'autres de leurs positions, je suis d'accord, et que la journée proposée puisse être décevante en pratique - mais c'est autre chose).

Le troisième, Appel à mobilisation, ne vaut guère mieux que le premier ; sous leurs dénonciations se cache un corporatisme à peine voilé. Je n'ai pas lu l'article de la revue Prescrire, mais l'article de Franck Ramus sur son blog laisse suggérer que, si cette revue est effectivement très compétente pour remettre en cause les croyances les plus solidement installées chez les médecins français, l'article auquel il est fait référence est très décevant, d'un manque de rigueur indigne d'un journal de qualité. Celui-ci aurait pu se limiter à discuter les biais, erreurs et autres problèmes méthodologiques possibles des études déjà disponibles (comme le fait, dans un autre genre, Laurent Mottron) ce qui aurait été tout à fait acceptable, mais il affirme carrément que les méthodes comportementales sont «sujettes à caution, car non évaluées» ce qui est de toute évidence un mensonge flagrant. Comme le dit Franck Ramus :


Est-ce par simple ignorance, ou par malhonnêteté, que l'auteur anonyme de cet article dans la revue Prescrire passe sous silence la trentaine d'essais cliniques et les méta-analyses publiés dans les revues scientifiques internationales, établissant la supériorité de ces interventions éducatives et comportementales sur un certain nombre d'interventions ou de situations contrôles? Cf. les références en bas de cette page.


Le reste de l'article est toujours à base de caricatures, déformations, et arrogances - comme celle qui consiste à revendiquer le monopole du label "progressiste". Ainsi par exemple, alors que le plan se situe, certes assez timidement, sur le chemin d'une séparation progressive de la psychanalyse et de l'Etat, c'est précisément ce que craignent les auteurs de ce texte, car ils assimilent cette politique à une "mise au pas", alors que l'Etat se situe parfaitement dans son droit (ou alors, il y a des "mises au pas" tout le temps, à chaque fois que des employés publics sont concernés) et qu'aucune interdiction véritable des approches psychanalytiques n'est envisagée pour le moment. De plus, ce devrait être une évidence, que l'Etat ne doive accorder de moyens qu'aux approches scientifiquement reconnues, sans considération ni a priori théorique ou idéologique ; mais les membres du Collectif ne sont pas encore prêts à lâcher leur cagnotte et continuent vaillamment à défendre leur poule aux œufs d'or, au détriment de l'intérêt général. Ils semblent aussi adhérer à une conception selon laquelle tout ce qui n'est pas promu par l'Etat devient interdit ou impossible, ce qui est un peu totalitaire comme raisonnement et vision des choses. Par ailleurs, j'aimerais bien savoir à quoi "les résultats sont donnés avant même que la recherche soit effectuée" fait référence, par hasard... (Je dois préciser par ailleurs qu'à titre personnel, je ne me reconnais pas vraiment dans les objectifs de la fondation Fondamental citée dans le texte)

Le quatrième article, Communiqué de presse - plan autisme 2013 est une quasi-redite du précédent, sur le fond comme sur la forme, et répète les mêmes erreurs : ainsi, par exemple, en ce qui concerne la dénonciation de la pseudo-suppression du "choix des méthodes" ou la référence à l'article de la revue Prescrire, qui semble d'ailleurs être l'un des seuls moyens de défense des psychanalytiques à l'heure actuelle. Les associations d'enfants autistes pro-comportementalisme y sont décrites comme "minoritaires" - alors que rien qu'Autisme France, une association tout ce qu'il y a de plus mainstream, regroupe tout de même plus de 10000 familles ! Il faut souvent chercher pour trouver des familles pro-psychanalyse, la plupart d'entre elles pouvant être des chanceuses concernant leur praticien et/ou l'évolution de leur gamin, ou correspondre déjà aux prédictions des théories psychanalytiques, ou - il faut le dire - être mal informées, isolées et/ou naïves. Derrière cette critique apparente du "manque de choix" entre les méthodes se cache en fait, le plus souvent, un rejet de toute approche comportementale, qui, lorsqu'elle est présente, est généralement reléguée loin dans l'arrière-plan. Par ailleurs :


"Il est honteux de diaboliser la psychanalyse dans son ensemble au prétexte de propos stupides tenus par certaines personnes s’en réclamant, qui ont blessé des mères et des familles."


Le gros problème, c'est que ce genre de dérive est endémique dans la théorie psychanalytique, et lui est probablement intrinsèque : selon celle-ci, la majeure partie de notre personnalité et de nos "travers" se fixent durant la petite enfance, donc d'abord par le contact avec les parents. Je n'ai d'ailleurs jamais compris en quoi cette théorie était censée conduire vers une meilleure acceptation de la différence et un progressisme sociétal ; en fait, pour moi, c'est plutôt l'inverse, c'est une approche qui serait plus volontiers compatible avec un certain conservatisme, qui voit la famille et la société comme des machines aisément détraquables et donc à surveiller de loin, et qui préfère faire culpabiliser les familles plutôt que de s'intéresser à d'autres facteurs, comme le contexte social ou les variations biologiques individuelles - sans pour autant tomber dans l'eugénisme, comme certains semblent le penser.

Bref, on ne sort pas des écueils habituels, notamment celui du procès d'intention concernant une supposée "normalisation" alors que l'objectif affiché est avant tout celui d'une meilleure reconnaissance (même si les conditions demeurent floues, il est vrai), ce dont on ne pourrait que se réjouir, habituellement.

Le cinquième article n'est ni plus ni moins qu'une LETTRE OUVERTE A MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE. Outre les arguments précédemment évoqués, les membres du Collectif s'appuient, de façon trompeuse ici, sur l'acte de fondation de leur mouvement, qui n'avait pas grand chose à voir avec la problématique qui nous occupe (c'était au sujet d'un discours de Sarkozy sur les malades mentaux) ; on les voit également se réfugier derrière le concept, fourre-tout et mal défini, de "folie" (est-ce un hasard si seuls les psys français l'utilisent encore ? Je n'ai pas le souvenir d'avoir vu le mot madness utilisé de la même façon sur une page, un site, un blog, un article ou un papier anglophone, ou uniquement concernant Foucault), dont ils sont particulièrement friands. On retrouve l'argument conservateur selon lequel, s'il faut s'opposer aux méthodes d'évaluation, c'est parce qu'elles s'opposent "à notre histoire et à notre culture..." 

La comparaison avec la bureaucratie et les nouvelles techniques de management est plutôt malvenue et reflète une certaine inquiétude, plus ou moins bien justifiée,  par rapport à l'avenir de leur profession, c'est-à-dire l'idée selon laquelle le relationnel disparaîtrait avec le changement de méthodes et l'apparition de l'évaluation. Il y a plus gros à parier que celui-ci ne ferait que changer de forme : à l'étranger, où la psychanalyse est le plus souvent passée de mode depuis longtemps, le relationnel n'a pas disparu, bien au contraire ; mais on voit qu'il y a de fortes réticences et que les professionnels français ne sont, hélas, sans doute pas prêts pour des changements dans leur pratique.

Autrement, les critiques sont du même ordre que concernant les autres articles, notamment concernant le rôle de l'Etat. En tout cas, j'espère sincèrement que le Président de la République, (tout comme la ministre de la Santé Marisol Touraine qui a elle aussi reçue une lettre ouverte il y a quelques mois), a autre chose à faire que de prêter attention à un petit lobby hostile au changement, et qu'il se focalise davantage sur des questions autrement plus importantes concernant la France, pour réhausser sa popularité ; et, même si cela ne fait certes guère de différence au final, il a aussi probablement plus de chances la remonter en soutenant et défendant le plan actuel, voire en voulant aller plus loin, qu'en cédant face à ce genre de pression malvenue.

Au final, il est désolant de voir à quel point le discours du Collectif des 39 peine à se renouveler ; cela n'augure rien de bon pour la suite, malheureusement... à moins d'accélérer les prises de conscience, et de construire une opposition argumentée face à leurs raccourcis et à leurs exagérations.


edit : ça continue, avec un nouvel article, qui est une lettre ouverte de la présidente de l'association La Main à l'Oreille, adressée à Marie-Arlette Carlotti. J'ignore s'il s'agit ou non d'une véritable association de parents d'enfants autistes, je vais supposer que oui (on ne sait jamais). Leur discours est cependant suspectement similaire à celui des autres articles, notamment en ce qui concerne les fameuses associations "extrémistes" et minoritaires. Quelques petites remarques :


"Vous savez pourtant, en tant que Ministre, que depuis trente ans la psychanalyse n’est plus dominante en psychiatrie, que les établissements médico-sociaux ainsi que les hôpitaux de jour ont intégré des méthodes comportementales ou développementales dans leurs pratiques [...]"


C'est essentiellement faux. Il y a eu un tout petit peu de "méthodes comportementales ou développementales" mais la plus grande partie était constituée d'approches psychanalytiques, parfois issues d'élucubrations totalement a-scientifiques - voire anti-scientifiques - telles que le packing et la pataugeoire (à vrai dire, le fait que ce genre de pratique ne semble pas les interpeller outre mesure est quelque peu suspect, quand même).


"En Amérique, le conditionnement comportementaliste est fortement critiqué, notamment par des personnes se revendiquant autistes, aussi bien pour son manque d’éthique, que pour ses résultats en fin de compte peu probants, conduisant parfois à de graves impasses thérapeutiques."


C'est parfois vrai, mais, malgré les apparences, cela n'a en fait que peu de rapport avec le sujet qui nous occupe. Les considérations éthiques sont évidemment majeures, qu'il s'agisse de la psychanalyse ou du comportementalisme - mais ce n'est pas cela dont il s'agit. Moi-même, je me considérerais davantage comme critique de la psychanalyse que comme pro-comportementalisme. Le simple fait qu'en France, on en soit resté à un affrontement psychanalyse/comportementalisme illustre à quel point nous sommes derrière les pays anglo-saxons en la matière, qui, malgré une situation loin d'être idéale, en sont parfois aux débats sur le concept de "neurodiversité". 
Même s'il y a toujours un risque d'aller trop loin dans le comportementalisme, reconnaître l'autisme comme un trouble neuro-développemental d'origine principalement biologique, plutôt qu'un problème de relation de relation à la mère, d'une part, et privilégier la scolarisation et l'éducatif par rapport au thérapeutique d'autre part - c'est-à-dire, dans un cas comme dans l'autre, remettre en cause la vision psychanalytique - me semblent être les bonnes approches à suivre et je ne peux que m'en féliciter. 

A ce sujet, je répète que la ministre était parfaitement dans son droit pour exiger un plus grand respect des recommandations de la HAS, que les approches psychanalytiques ne seront pas interdites mais, puisque le service public ne peut pas plaire à tout le monde, il est logique qu'il doive se concentrer sur les méthodes les plus efficaces, avec le plus fort crédit scientifique selon les études internationales.

Qu'ils se rassurent, en tout cas : le prochain congrès de l'AFPEN accordera une place prépondérante et disproportionnée aux psychanalystes...

edit 2 : encore un nouvel article, et celui-ci. Je mettrai à jour ce post s'il le faut, pour chaque nouvel article en rapport avec ce sujet, mais je ne détaillerai pas trop car ils sont très similaires les uns aux autres. Les remarques à faire sur ces articles sont en tout cas largement les mêmes que précédemment. Juste une nouvelle remarque concernant ceci (et les passages suivants sur le marché, ainsi que le deuxième article dans son intégralité, que j'ai également critiqué sur la page facebook de Jean-Marie de Lacan) : 


"Aucune nuance, aucune différence avec les options et les préconisations de la Droite précédemment au pouvoir, au contraire une continuité et un volontarisme affiché."


Comme je l'ai déjà souligné précédemment, soutenir l'éducatif et les méthodes comportementales par rapport à la psychanalyse devrait être une question de simple bon sens, après avoir fréquenté les familles et s'être renseigné sur la situation à l'international, et pas une question de droite ou de gauche. Et puis même : je ne vois pas en quoi être pour la psychanalyse serait considéré comme plus à gauche qu'être pour l'éducatif (ou même, parfois, le comportemental), surtout étant donné la valeur que les gens de gauche sont censés accorder à l'éducation et au savoir comme ouverture sur le monde, alors qu'à l'inverse la psychanalyse, ici, est fondée sur la culpabilisation, la médicalisation et une approche misérabiliste qui consiste à ne voir que la souffrance.

edit 3 : nouvel article. Cela me confirme dans mon idée selon laquelle leur logique correspond à celle des anciennes corporations, qui correspondaient au camp réactionnaire autrefois. A lire aussi, consternant : http://www.lacanquotidien.fr/blog/wp-content/uploads/2013/05/LQ321-1%C3%A8re-version

+ ce nouvel article : le cerveau n'est pas un ordinateur.